Bénin et malin sont deux adjectifs du langage courant, qui ont une signification toute particulière dans le langage médical.
Vous noterez la forme particulière du féminin : bénigne, maligne.
Les substantifs qui correspondent à ces deux adjectifs sont bénignité et malignité.
Malignité et cancer
Une lésion maligne est, par définition, une lésion cancéreuse. Une tumeur bénigne est donc, également par définition, une lésion non cancéreuse. Vous pouvez en déduire, au passage, qu’une tumeur n’est pas nécessairement cancéreuse.
Cependant, cette affirmation n’est pas vraie pour une maladie dite maligne, comme l’hyperthermie maligne, qui n’a rien à voir avec le cancer. Dans ce sens, l’adjectif malin s’applique à une forme extrêmement grave et souvent foudroyante d’une affection.
Bénignité et gravité
Mais l’adjectif bénin n’est pas que l’antonyme de malin. Il est aussi employé dans le sens commun de « sans gravité », comme on parle d’une chute bénigne. Une maladie bénigne est donc une maladie sans gravité, qui guérira sans problème, comme n’importe quel « rhume de cerveau ». Dans cette acception, le contraire de bénin n’est pas malin, mais grave, ou sévère.
Lésion « border line »
Il existe des cas, assez rares, où le résultat de la biopsie ne permet pas de trancher formellement entre bénignité et malignité ; de telles lésions sont appelées « border line ».
L’équivalent français serait « tumeur frontière », mais on préfère en général l’anglicisme border line.
Certaines tumeurs cancéreuses ne sont pas vraiment graves, car elles guérissent toujours une fois enlevées, comme certains petits cancers de la peau. Le paradoxe, c’est que l’on ne peut pas dire de telles tumeurs malignes (donc cancéreuses) qu’elles sont bénignes (c’est-à-dire sans gravité), puisque les deux adjectifs se contrediraient, et la phrase n’aurait plus aucun sens !
Article publié le 10 février 2014