Faire une recherche bibliographique, c’est étudier toute la production scientifique ou pédagogique destinée aux médecins.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, quand on parle de « littérature médicale », il ne s’agit ni de romans écrits par des médecins, ni de romans mettant en scène des médecins (comme on parle de « littérature policière » quand les héros sont des policiers ou des truands…).
Littérature médicale
Cette expression désigne en fait toute la production scientifique ou pédagogique publiée par des médecins pour leurs confrères, sur des sujets exclusivement médicaux.
Bien que, sous l’influence anglo-saxonne, les articles médicaux n’aient plus aucune valeur littéraire, on a continué à employer cette expression. En effet, il existe actuellement des règles strictes de rédaction des articles médicaux, qui se ressemblent tous quant à la forme, y compris dans les revues françaises. Seul le message, le fond, change. Toute « littérature » a été soigneusement évacuée.
Bibliographie
La bibliographie (du grec biblion, livre, et graphein, écrire) consiste , non pas à écrire des livres, comme le suggère l’étymologie, mais à éplucher la littérature médicale sur un sujet donné, pour y recueillir des informations scientifiques ou pédagogiques. On recense, dans les revues scientifiques, les articles qui y figurent en tant que "références bibliographiques". On procède alors à ce qu’il est convenu d’appeler une « recherche bibliographique ». Si plusieurs médecins se réunissent pour partager le fruit de leurs recherches, ils font une « séance de bibliographie ».
Actuellement, si un médecin veut se faire connaître, il est indispensable qu’il publie dans une revue anglo-saxonne, donc en anglais. Faute de quoi, son travail passera largement inaperçu. Pour un médecin qui souhaite continuer à se perfectionner, il est nécessaire de comprendre l’anglais médical pour aller chercher des informations pertinentes sur un sujet donné. C’est ce que l’on appelle la « bibliographie ».
On dit volontiers d’une information validée par une ou plusieurs publications qu’elle est « documentée » par la « littérature ».
Médecine factuelle et médecine fondée sur la preuve
La bibliographie est à la base de ce que l’on appelle en anglais « l’Evidence Based Medicine », qu’il ne faut surtout pas traduire par « médecine basée sur l’évidence » mais «par « médecine fondée sur la preuve », le mot « evidence » étant ce qu’il est convenu d’appeler un « faux ami ». On parle également de « médecine factuelle ». Cette démarche consiste à ne rien affirmer qui n’ait été validé par la littérature médicale sérieuse (tous les articles médicaux n’ont pas la même rigueur scientifique).
Littérature médicale et qualité littéraire
Autrefois, et il m’arrive d’avoir la nostalgie de cette époque, les médecins français étaient réputés pour la qualité littéraire de leurs publications scientifiques. Je songe ainsi à Henri Mondor, un des plus grands chirurgiens français de la première moitié du XXème siècle, qui a écrit des livres de chirurgie qui ont fait longtemps autorité. Il était aussi un spécialiste réputé de l’œuvre du poète Stéphane Mallarmé, ce qui lui a valu de siéger à l’Académie française. Il était également membre de trois autres académies : de Médecine, de Chirurgie et des Sciences. Chapeau l’artiste !
Article publié le 12octobre 2017