Internet est, à l'évidence, une révolution comme il y en a eu peu dans l'histoire de la connaissance.
En effet, cetoutil a complètement bouleversé la façon de transmettre le savoir. Il n’est probablement pas exagéré de dire que l’apparition d’Internet est comparable à l’invention de l’écriture ou de l’imprimerie.
Internet et la médecine : formation des médecins, information des patients
En médecine, les apports d’Internet sont inappréciables, en particulier pour la formation permanente des médecins, ou pour l’échange d’informations entre médecins. Attention, pour échanger des informations médicales concernant un patient, donc soumises au secret médical, les médecins doivent utiliser une messagerie sécurisée.
Mais pour l’information des patients, il y a des dangers évidents, car certains sites ne sont pas dénués d’arrière-pensées commerciales, et font la promotion de méthodes qui ne sont pas nécessairement validées par la communauté médicale et les données de la médecine factuelle. Cependant il existe nombre de sites tout-à-fait recommandables, car objectifs, et gérés par des experts. Je ne ferai pas ici la promotion de ces sites sérieux, car ils sont connus de tout le monde.
Actuellement (avril 2017), sept Français sur dix consulteraient Internet avant d’aller chez le médecin. Internet est devenu la deuxième source d’information pour les patients, après leur médecin, mais avant le pharmacien.
Les hypocondriaques sont de plus en plus nombreux (rappelons que le modèle de l’hypocondriaque, c’est le fameux « Malade imaginaire » de Molière). La plupart d’entre eux sont des utilisateurs compulsifs de sites médicaux. On a donc forgé à leur intention un nouveau mot : « cybercondriaque ».
Personnellement, j’aime bien quand un patient me dit être allé chercher des informations sur Internet, car ce qu’il a compris me sert de base pour mes explications ; il est plus facile de donner des informations techniques à quelqu’un qui a des notions, même sommaires, voire erronées, qu’à quelqu’un de totalement vierge sur le sujet.
Danger des forums
En revanche, les forums me paraissent potentiellement dangereux, car le partage d’informations médicales entre personnes non compétentes dans le domaine médical, comme le sont la plupart des patients, ne rend pas ces informations plus pertinentes pour autant. Et puis, ce qui est vrai pour l’un ne l’est pas nécessairement pour l’autre, et rien n’est plus inapproprié que de faire des comparaisons du genre « ma voisine a eu le même problème que moi, et on lui a appliqué avec succès le traitement X ou Y ». De plus, les patients qui s’expriment sur les forums le font probablement plus souvent pour faire part d’une expérience négative que positive. Fuyez donc les forums de patients, car vous n’y apprendrez rien d’utile vous concernant.
Cependant, des forums destinés à des patients souffrant de la même maladie chronique, encadrés par des médecins, peuvent être très utiles.
Une petite précision orthographique : en latin, le singulier et le pluriel sont identiques : forum. En français, on met un « s » au pluriel.
Un exemple personnel
Pour appuyer mon propos sur le danger potentiel des forums, je vous cite l’exemple d’une patiente que j’avais opérée d’hémorroïdes selon la « technique de Longo », assez nouvelle à l’époque. Je la revois un mois après l’intervention, et tout va très bien ; elle est très satisfaite de ladite technique, puis rajoute : « je suis allée sur Internet après l’intervention, par curiosité ; ce que j’ai lu sur les forums m’a fait tellement peur que je ne me serais jamais fait (et non pas faite) opérer si j’y étais allée avant l’intervention » ! Tout est dit…
E-santé, média-médecine et télémédecine
Internet, ainsi que d’autres nouvelles technologies de la communication, a permis le développement de la télémédecine d’une part, et de ce que l’on appelle la « e-santé » ou la « média-médecine » d’autre part, notamment grâce aux applications médicales pour smartphones, de plus en plus performantes.
Article publié le 10 avril 2017