Le laser est devenu un instrument incontournable dans certaines spécialités médicales, comme l’ophtalmologie, la dermatologie, la médecine esthétique ou encore l’odontologie.
Assez souvent, le chirurgien que je suis s’entend demander par certains patients : « Est-ce que vous opérez au laser ? » Ils sont manifestement déçus quand je leur réponds que non, je n’opère pas au laser.
Laser comme acronyme
Laser est un acronyme d’origine anglaise : Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation, ce qui donne, en français : amplification de la lumière par émission stimulée de rayonnement. Rappelons qu’un acronyme est une abréviation qui se prononce de manière syllabique ( « Lasère », en l’occurrence).
Quelques explications succinctes
Un laser est un système photonique qui produit un rayonnement lumineux spatialement et temporellement cohérent basé sur l’effet laser.
Actuellement le laser est considéré comme une source possible pour tout rayonnement électromagnétique, notamment la lumière. Les premières longueurs d’onde utilisées étaient des micro-ondes, puis elles se sont étendues aux domaines de l’infrarouge, du spectre visible, de l’ultraviolet et actuellement des rayons X.
Il existe plusieurs milliers de types de lasers, que l’on peut regrouper selon différents critères, comme la nature du milieu excité, le fonctionnement continu ou par impulsion (laser picoseconde, laser femtoseconde), la longueur d’onde utilisée, ou encore les applications, dont la médecine n’est qu’une toute petite partie. Par exemple, la dermatologie utilise entre autres des lasers à vapeur de cuivre d’une longueur d’onde allant de 510,6 nm à 578,2 nm, et délivrant une décharge électrique.
Un petit peu d’historique
Comme souvent en physique, tout part du génial Albert Einstein, qui décrit en 1916 le principe de l’émission stimulée. Il faut attendre ensuite 1950 et les travaux d’Alfred Kastler sur le pompage optique, qui lui valent le prix Nobel de physique en 1964. C’est en 1960 que le physicien américain Theodor Maiman obtient pour la première fois une émission laser grâce à un cristal de rubis. En 1961 est mis au point, par Ali Javan, le premier laser au gaz (hélium et argon), et en 1966 le premier laser à liquide par Peter Sorokin. En 1974, le laser permet la lecture de codes-barres. En 1982 apparaissent les premiers CD, utilisant la technologie laser, qui envahit alors le monde à grande échelle et à toute vitesse.
Le laser va ensuite conquérir le monde médical, mais de manière nettement plus ciblée que ce qui était imaginé au début de son utilisation médicale.
Applications médicales
Le laser possède de nombreuses applications en médecine, notamment en ophtalmologie (voir l’article de cette encyclopédie consacré à l’ophtalmologie), en dermatologie, en médecine esthétique (épilation définitive, détatouage), ou encore en odontologie. Il reste toutefois quelques indications en urologie, en gynécologie ou en gastro-entérologie, mais pratiquement plus aucune en chirurgie viscérale, qui est ma spécialité, et celles qui existaient il y a quelques décennies ont été abandonnées pour la plupart.
J’en conclus que la fameuse question citée en tête de l’article, émanant de patients qui veulent se donner le genre bien informé, veut dire en fait « est-ce que vous opérez selon les techniques les plus récentes ? », en particulier la cœlioscopie. Quand le mot adéquat n’est pas connu, on le remplace par laser, fantasme technologique ultime.
Fantasme technologique
Bien que l’utilisation du laser soit devenue très fréquente dans la vie de tous les jours, ne serait-ce que pour écouter de la musique ou imprimer des documents, le mot laser, lorsqu’il est employé en médecine, semble en effet désigner encore pour certains le nec plus ultra de la technologie. Allez comprendre pourquoi !...
Article publié le 11 juillet 2016, modifié le 7 janvier 2019
Rayon laser