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Diverticule / Polype

Dans un organe creux ou une cavité peuvent apparaître, entre autres choses, des lésions externes, les diverticules, et des lésions internes, les polypes.


Bien que le côlon n’ait pas l’exclusivité des diverticules et des polypes, c’est au niveau de ce viscère digestif  creux qu’ils sont les plus fréquents.


Organes creux et organes pleins

Dans l’organisme, et notamment dans la cavité abdominale, on trouve réunis des organes « pleins », comme le foie ou la rate, et des organes « creux », comme le tube digestif, la vessie ou l’utérus; il existe également un certain nombre de cavités, comme les sinus des os du crâne, les fosses nasales (le nez) ou la cavité buccale (la bouche).

Polypes et diverticules ne se développent que dans les organes creux ; les diverticules, quant à eux, existent essentiellement au niveau du tube digestif, (qui, rappelons le, commence au pharynx et se termine à l’anus), mais on en décrit également au niveau d’autres organes comme la vessie.

Diverticule et polype : définition et description

Diverticule et polype

Ces deux lésions pourraient être schématisées en disant que l’une (le polype) serait le versant « positif » et l’autre (le diverticule) le « négatif ». En effet, si l’on prend l’exemple du côlon, organe dans lequel ces deux types de lésions sont fréquents, et d’ailleurs fréquemment associés, et que l’on s’intéresse uniquement à la lumière colique, tapissée par sa muqueuse, le polype est une lésion qui apparaît sur la muqueuse qui en est normalement indemne, alors que le diverticule se présente sous la forme d’un orifice qui ouvre sur une hernie de la muqueuse à travers la paroi colique.

Pour le diverticule, il y a donc un défect de la paroi du côlon, alors que, pour le polype, il y a une lésion additionnelle. Le polype est en définitive une lésion « pleine », le diverticule une lésion « creuse ».

Si l’on reprend l’exemple du côlon, le polype n’est observable que dans la lumière colique, par l’intermédiaire d’un coloscope, alors que le diverticule est visible essentiellement sur le versant externe de l’organe, en cœlioscopie notamment (en coloscopie on ne voit que l’orifice du diverticule, mais pas le diverticule lui-même).

Diverticule, diverticulose et diverticulite

Un diverticule est donc une hernie de la muqueuse au travers de la paroi de l’organe qui le porte. C’est, par conséquent, une zone plus fragile que le reste de l’organe, puisqu’il y manque la couche musculeuse.

On peut trouver des diverticules tout le long du tube digestif, et notamment au niveau :

  • De l’œsophage : c’est le diverticule de Zenker, situé à la partie basse de l’organe, habituellement à gauche. Il est  responsable de régurgitations d’aliments qui se bloquent dans sa lumière, particularité utilisée par les « avaleurs de grenouilles », qui les régurgitent, vivantes, à volonté !
  • Du duodénum : ce diverticule, habituellement unique, peut atteindre une taille importante, et comprimer les voies biliaires
  • De l’intestin grêle : c’est le diverticule de Meckel». Il est un peu différent des autres diverticules, car c’est un reliquat embryonnaire, situé sur l’iléon (la partie distale de l’intestin grêle, la partie initiale étant le jéjunum). Quand il est présent, il est toujours unique. Il peut être responsable d’hémorragies digestives parfois abondantes, s’il contient, comme c’est souvent le cas, de la muqueuse gastrique qui peut s’ulcérer.
  • Du côlon : ce sont de loin les diverticules les plus fréquents. Si on peut en trouver sur tout le côlon, leur siège préférentiel est le sigmoïde, partie rétrécie intermédiaire entre le côlon descendant et le rectum. Le sigmoïde est situé dans la zone de l’abdomen qui s’appelle la fosse iliaque gauche.
  • L’appendice, qui a pourtant la forme d’un diverticule, n’est pas considéré comme tel, ne serait-ce que parce qu’il possède les trois tuniques intestinales (muqueuse, musculeuse, séreuse).

Les diverticules sigmoïdiens deviennent très fréquents avec l’âge, car ils témoignent, comme les rides au niveau cutané, du vieillissement du côlon, aggravé par la constipation chronique. Leur présence est donc, en grande partie, liée à notre mode alimentaire.

Diverticules sigmoïdiens

Quand les diverticules sont nombreux, on parle alors  de diverticulose.

La principale complication des diverticules est leur infection, qui s’appelle tout simplement diverticulite, comme l’appendicite est l’inflammation de l’appendice. Les diverticules sigmoïdiens sont quasiment les seuls à être le siège d’une diverticulite, que l’on nommera, au choix, diverticulite sigmoïdienne  ou sigmoïdite diverticulaire, la seconde expression étant nettement plus usitée que la première.

Polype et polypose

Polypose nasale

Le mot polype (du grec polus, nombreux, et pous, pied) fait référence à la forme de cette tumeur bénigne, et non pas à une quelconque description histologique. Autrement dit, on n’a pas besoin d’un microscope pour dire qu’une lésion est un polype : son aspect extérieur suffit ; en revanche, le microscope est indispensable pour affirmer que ce polype est bénin, comme il est censé l’être.

 S’il existe des cellules cancéreuses en son sein (habituellement au niveau de sa base d’implantation), alors il s’agit d’un polype dégénéré, ou transformé », bref, d’un cancer, que l’on dira dans ce cas être de forme polypoïde.

Un polype se développe toujours aux dépens d’une muqueuse ; il se présente en général sous la forme d’une masse plus ou moins arrondie ; selon l’aspect de sa base d’implantation sur la muqueuse, on parle de polype pédiculé s’il possède un pied, ou pédicule, qui le rattache à la muqueuse, ou de polype sessile si cette base d’implantation est large.

Polype des cordes vocales

Les polypes sont en général peu nombreux dans l’organe considéré, voire uniques : polype solitaire ; dans le cas contraire, on parle de polypose, qui est souvent une affection héréditaire, dont l’évolution est beaucoup plus préoccupante que celle du polype isolé.

On trouve des polypes dans de très nombreux organes, les plus fréquents étant les suivants :

  • Polype des cordes vocales : on en parle en général chez les artistes lyriques (comme Nathalie Dessay), car il entraîne des modifications de la voix qui amènent l’artiste à reposer celle-ci pendant un temps plus ou moins long après l’ablation chirurgicale du polype.
  • Polype nasal et polypose naso-sinusienne : les polypes se développent sur la muqueuse du nez et des sinus paranasaux, du fait d’une inflammation chronique de celle-ci.
  • Polypose intestinale familiale : également appelée polypose adénomateuse familiale : c’est une maladie héréditaire qui aboutit à la constitution, dès l’adolescence, de centaines, voire de milliers de polypes coliques, avec un risque très élevé d’apparition d’un cancer.
  • Polype colique ou rectal : ce sont de loin les plus fréquents. Ils sont dangereux du fait de leur propension à la transformation en cancer colique ou rectal. La très grande majorité des cancers du côlon et du rectum se développent à partir de polypes.
  • Polype utérin : on peut observer des polypes sur le col de l’utérus ; on les appelle polype cervical ;  on peut également en voir à l’intérieur de l’utérus, au niveau de la muqueuse utérine : l’endomètre ; il s’agit donc d’un polype endométrial, à ne pas confondre avec un fibrome intra cavitaire : un fibrome utérin ne se développe pas à partir de l’endomètre, mais du myomètre (le muscle utérin).

Polypes utérins

Transformation des polypes

Les diverticules risquent de s’infecter, mais pas les polypes. En revanche, si les diverticules ne sont jamais cancéreux (il ne s’agit pas de tumeurs), les polypes peuvent le devenir, ce qui en fait toute la gravité potentielle.

Cette transformation concerne essentiellement les polypes du côlon et du rectum. C’est pourquoi il est essentiel de réaliser une surveillance coloscopique des patients porteurs de polypes, afin de les réséquer par polypectomie endoscopique au fur et à mesure qu’ils apparaissent. 

Le risque est maximal dans les formes familiales de polypose. 

Dépistage du cancer colorectal

Polypectomie endoscopique

En général, le dépistage s’attelle à découvrir un cancer à un stade dit infra clinique : ainsi la mammographie de dépistage vise à découvrir des cancers du sein de quelques millimètres, non palpables, et plus sûrement curables que les cancers découverts au stade de tumeur palpable. C’est un dépistage au vrai sens du terme, dont l’objet est d’améliorer le pronostic de ce cancer, et non pas d’en diminuer l’incidence.

La particularité du dépistage du cancer colorectal, c’est qu’il relève plus de la prophylaxie que du dépistage proprement dit. En effet, ce dépistage s’adresse en réalité au stade précancéreux : ce sont des polypes et non pas des cancers que l’on recherche par ce dépistage ; l’ablation des polypes ainsi découverts est un geste prophylactique, dont la finalité est de diminuer l’incidence du cancer colorectal, ce qui pourrait, en théorie, aller jusqu’à l’éradication de ce cancer, dont on signale qu’il est le plus fréquent en France.

Mais il faudrait pour cela des moyens financiers colossaux, afin d’étendre ce dépistage à toute la population, sous forme d’une coloscopie régulière. Pour des raisons économiques faciles à comprendre, on se contente de proposer une coloscopie de dépistage aux personnes qui ont des antécédents familiaux de cancer colique ou rectal, et l’on fait le dépistage de masse avec un test (l’Hémoccult) qui recherche la présence de sang dans les selles, test malheureusement limité par de nombreux faux positifs (ce n’est pas très grave, ces patients auront droit à une coloscopie inutile !), et de nombreux faux négatifs, beaucoup plus graves car les patients en question ne bénéficieront pas d’une coloscopie, pourtant indispensable. Cependant, les  tests de dernière génération affichent de meilleures performances, tout en ne supprimant ni les faux positifs, ni les faux négatifs.

Article publié le 22 septembre 2014

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