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Médecine alternative / Médecine complémentaire / Médecine non conventionnelle

Parler de médecine alternative ou de médecine complémentaire, bref de médecine non conventionnelle, suppose qu’on définisse une médecine classique, habituelle, officielle ou encore conventionnelle avec laquelle d’autres formes de médecine viendraient en alternance ou en complément.


En effet, quel nom donner à la médecine qui se fait tous les jours dans nos cabinets médicaux ou nos établissements de santé, qui repose sur des  bases physiologiques admises par la communauté médicale, et que tous les médecins français apprennent en faculté de médecine ?

Médecine traditionnelle évoque des pratiques immémoriales, comme celles qui sont à l’œuvre dans la médecine traditionnelle chinoise ; cet adjectif n’est donc guère porteur de l’idée d’une médecine moderne.

Médecine classique évoque là encore une certaine idée de tradition, comme pour la musique classique qui s’oppose à la musique contemporaine.

Médecine occidentale ne me semble pas convenir non plus, car la plupart des médecines alternatives et complémentaires sont utilisées dans les pays occidentaux.

Médecine officielle conviendrait si toutes ces médecines différentes étaient officieuses, ce qui n’est pas le cas de l’acupuncture ni de l’homéopathie.

Médecine conventionnelle serait une dénomination logique, puisqu’elle s’opposerait aux médecines non conventionnelles. Mais cette expression pourrait prêter à confusion avec la médecine conventionnée.

On peut aussi utiliser le vocable allopathie, mais il est un peu restrictif, car il s’oppose essentiellement à l’homéopathie. D’autre part, il est plutôt utilisé par les tenants des médecines non conventionnelles, notamment les homéopathes.

Finalement, je ne trouve rien de mieux que médecine  conventionnelle occidentale, malgré les critiques faites à l’encontre de ces deux adjectifs pris séparément.

La bonne formulation reste donc à trouver.


Fonctionnement de la médecine conventionnelle occidentale

Cette médecine part du symptôme pour aller au traitement en passant par le diagnostic. Seuls les titulaires d’un diplôme de docteur en médecine sont habilités, en France du moins, à poser un diagnostic.Examen clinique

Le médecin interroge son patient pour recueillir ses plaintes, autrement dit ses symptômes fonctionnels. Il l’examine ensuite pour recueillir des symptômes objectifs, encore appelés signes. A l’issu de cette première étape, il est souvent possible de poser un diagnostic précis, comme par exemple celui d’une hernie inguinale.

S’il n’est pas possible d’établir un diagnostic au terme de cette première étape, le médecin prescrira une batterie d’examens complémentaires, dits examens paracliniques.

Lorsque le diagnostic aura été posé, on passera à l’étape thérapeutique, à savoir le traitement étiologique (traitement de la cause), qui repose essentiellement sur la prescription de médicaments disponibles dans la pharmacopée, ou sur l’indication d’une intervention chirurgicale.

Si aucun diagnostic n’a pu être établi, ou si le diagnostic retenu est celui d’un trouble fonctionnel, le traitement ne pourra pas être étiologique, mais uniquement symptomatique, reposant là encore sur l’usage de médicaments, comme  des antalgiques en cas de douleur.Médecin

Cette médecine repose sur une physiologie qui explique le fonctionnement des organes. Tous les médecins ont appris la même physiologie, qui est la base scientifique de la médecine, dont on ne rappellera jamais assez qu’elle n’est pas une science exacte, malgré ses bases scientifiques.

Un traitement conventionnel n’est validé que si des essais cliniques rigoureux ont montré qu’il a une efficacité supérieure à la guérison naturelle ou à l’effet placebo. C’est le principe de la médecine factuelle (médecine fondée sur la preuve).

La médecine que je viens de décrire est exercée par toutes sortes de spécialistes, y compris en médecine générale, puisque la traditionnelle distinction entre généralistes et spécialistes n’est plus de mise : tous les médecins sont dorénavant des spécialistes.

Médecines non conventionnelles

Un premier constat doit être fait : si certains médecins formés de manière conventionnelle deviennent adeptes des médecines alternatives et complémentaires, ils restent des médecins avant tout, et adoptent une démarche diagnostique rigoureuse avant de proposer à leurs patients une forme non conventionnelle  de thérapeutique. On ne pas en dire autant des non médecins qui pratiquent ces  médecines dont nous allons parler. Ils sont d’ailleurs passibles de sanctions pénales pour exercice illégal de la médecine.

Par ailleurs, le corps médical s’accorde sur le fait que le traitement des maladies graves, comme le cancer, doit rester l’apanage de la thérapeutique conventionnelle, éventuellement associée à des thérapeutiques complémentaires.

Il existe, à mon sens, trois raisons majeures qui expliquent la réticence de beaucoup de médecins à l’égard des médecines non conventionnelles.

  • La première est que l’idée que des non médecins exercent une forme quelconque de médecine insupporte nombre de médecins.
  • La deuxième est l’absence de publications scientifiques sérieuses qui viendraient valider  ces pratiques. Dire que « cela fonctionne » (comme dans certaines pubs pour des méthodes amaigrissantes) n’est pas un argument scientifique recevable.
  • La troisième raison s’explique par la physiologie : il est difficile, intellectuellement, à un médecin d’adhérer simultanément à deux conceptions divergentes voire contradictoires de la physiologie, et de prescrire, par exemple, indifféremment un traitement allopathique ou un traitement homéopathique, car ces deux méthodes reposent sur des bases physiologiques qui, a priori,  s’excluent mutuellement. Cependant, certains médecins recourent en alternance à la médecine conventionnelle occidentale et aux médecines non conventionnelles, dans une démarche appeléemédecine intégrative.

Bref, intellectuellement parlant, il convient de choisir ce à quoi l’on adhère. On peut, par exemple, être un scientifique cartésien et avoir la foi ; mais il est plus difficile, voire impossible, d’adhérer simultanément à deux religions ! 

Quelles dénominations pour les médecines non conventionnelles ?

Médecines non conventionnellesEn Europe, on utilise l’expression médecines non conventionnelles, retenue par la Commission européenne. Dans les pays anglo-saxons, on privilégie médecines alternatives et complémentaires. Tout cela regroupe les médecines dites alternatives, complémentaires, douces, holistiques, naturelles, parallèles ou encore traditionnelles. L’OMS inclut toutes ces formes de médecine dans les médecines traditionnelles. Quant aux sceptiques, ils parlent volontiers de pseudo-sciences.

En fonction des traditions et des législations, ces médecines peuvent être répandues, comme en Europe du Nord, tolérées, comme en France ou dans les pays latins, voire interdites dans certains pays.

Différences d’approche entre médecine conventionnelle occidentale et médecines non conventionnelles

Les principales différences entre ces conceptions reposent sur les éléments suivants

  • Les bienfaits supposés de la nature et de la tradition.
  • L’interprétation des troubles.
  • Les postulats utilisés.

Médecine naturelleLa nature (ou plutôt la Nature) : beaucoup de gens sont intimement persuadés des bienfaits de tout ce qui est naturel, ce qui est oublier un peu vite qu’il existe des plantes toxiques (Socrate est mort après avoir été condamné à boire la ciguë), des champignons vénéneux, des animaux venimeux, et surtout des catastrophes naturelles. Bref, objectivement, la nature n’est ni bonne ni mauvaise, elle est totalement neutre.

Médecine traditionnelle chinoiseLa tradition : l’ancienneté de la tradition médicale asiatique (indienne ou chinoise) serait pour certains un gage d’efficacité. A l’inverse, la modernité fait souvent peur, notamment la pharmacologie.

L’interprétation des troubles : les médecines non conventionnelles ont recours à des concepts comme celui de  détoxification (cure « détox »), mais ces prétendues toxines n’ont pas de réalité dans la médecine conventionnelle occidentale.

Les postulats utilisés par les médecines non conventionnelles sont les suivants :

  • Les médecines énergétiques (acupuncture, qi gong, shiatsu…) partent du principe de l’existence d’un influx vital, dont la circulation harmonieuse est perturbée par la maladie. Il convient donc de rétablir la bonne circulation de cette énergie.
  • L’homéopathie est fondée sur les principes suivants : C’est le terrain qu’il faut soigner, car la maladie provient d’un Homéopathieproblème inhérent au patient. Le traitement applique le principe de similitude (c’est le fameux « soigner le mal par le mal »). Plus un produit est dilué et dynamisé, plus il est actif. C’est, personnellement, ce à quoi j’ai le plus de mal à adhérer.
  • L’ostéopathie et les thérapies manuelles partent du principe que tout provient de blocages des structures anatomiques.

Aspects législatifs

L’acupuncture a été reconnue par l’Académie de Médecine depuis 1950. L’acupuncture et l’homéopathie sont actuellement les deux seules orientations médicales légales en France (c’est-à-dire dont un médecin peut se prévaloir sur la plaque de son cabinet et sur ses ordonnances). Par ailleurs, la loi Kouchner du 4 mars 2002 reconnaît l’existence de l’ostéopathie et de la chiropractie.

Quelques exemples de médecines non conventionnellesPhytothérapie

Elles sont beaucoup trop nombreuses pour les citer toutes. En voici un petit florilège des plus connues, classées par thèmes :

  • Homéopathie, la plus répandue avec l’acupuncture.
  • Hydrothérapie ou utilisation de l’eau à fins thérapeutiques : comprend la balnéothérapie, la crénothérapie, la thalassothérapie, le thermalisme…
  • Manipulations et thérapies manuelles : chiropratique (ou chiropraxie, ou chiropractie), drainage lymphatique manuel (méthode Vodder), étiopathie, fasciathérapie, kinésiologie appliquée, magnétisme curatif, massothérapie, ostéopathie, Pilates (méthode), rebouteux, réflexologie, thérapie manuelle…
  • Médecines traditionnelles asiatiques : acupuncture (Chine) et sa variante la moxibustion, ayurveda (Inde), feng shui (Chine), médecine tibétaine, qi gong (Chine), shiatsu (Japon), yoga (Inde)…Tradition asiatique
  • Nutrition : alicament, alimentation dissociée, compléments alimentaires, détoxification (cure détox), jeûne thérapeutique, macrobiotique, oligothérapie, régime sans gluten et autres régimes…
  • Plantes : aromathérapie, gemmothérapie, kombucha, naturopathie, phytothérapie …
  • Psychisme : art-thérapie et musicothérapie, chirurgie psychique (Philippines), gélothérapie (le rire), hypnose et autohypnose, méditation, sophrologie, training autogène, zoothérapie…
  • Autres méthodes non classables : aérobic, auriculothérapie, biofeedback, électrothérapie, guérisseurs, haptonomie (obstétrique), hygiénisme, lithothérapie, magnétothérapie, radiesthésie…

Il y en a vraiment pour tous les goûts et pour tous les stress, et pourtant la liste est loin d’être exhaustive !

Pourquoi un tel engouement ?

On peut, à mon sens, trouver au moins quatre explications :Yoga

  • La médecine conventionnelle occidentale connaît beaucoup d’échecs (et il est vrai qu’elle ne sait toujours pas guérir la mort !).
  • Beaucoup de problèmes médicaux relèvent de troubles fonctionnels (les fameux troubles psychosomatiques), contre lesquels la médecine conventionnelle est plutôt démunie et désarmée.
  • La plupart de ces techniques concernent le bien-être plutôt que la santé proprement dite. Or le bien-être ne fait pas partie des attributions de la médecine conventionnelle occidentale.
  • Les promoteurs de ces techniques sont souvent très convaincants, notamment à travers Internet et les réseaux sociaux.

Et puis,  en définitive, le besoin de croire à quelque chose qui n’est pas rationnel et qui nous dépasse est tellement dans la nature humaine…

Article publié le 2 février 2015

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