Ces deux termes appartiennent au registre de la thérapeutique, ce que n’indique pas le suffixe « pathie ». Allothérapie et homéothérapie auraient été des choix plus judicieux.
Allopathie et homéopathie sont des termes a priori exclusifs l’un de l’autre.
Allopathie est le mot que les homéopathes utilisent pour désigner la thérapeutique conventionnelle, telle qu’elle est enseignée dans les facultés de médecine, et pratiquée par la grande majorité des médecins.
Quant à l’homéopathie, elle appartient au vaste domaine des médecines non conventionnelles, également appelées médecines alternatives, complémentaires, douces, holistiques, parallèles…
En allopathie, les effets thérapeutiques (et les effets toxiques) des principes actifs augmentent avec la dose ; en homéopathie, pour le dire vite, ce serait plutôt le contraire. Autant dire qu'allopathie et homéopathie sont des termes non seulement exclusifs, mais encore antinomiques.
Allopathie
L’homéopathie repose, entre autres, sur le « principe de similitude ». Pour l’homéopathie, toute pratique médicale ne reposant pas sur ce principe est qualifiée d’allopathique (le préfixe « allo » signifie différent).
Dans ces conditions, le terme allopathie englobe non seulement la thérapeutique dite conventionnelle, mais aussi toutes les médecines non conventionnelles qui ne respectent pas le principe de similitude : l’aromathérapie, l’oligothérapie, la phytothérapie… En revanche, la vaccination et la désensibilisation aux allergies, qui sont fondées sur un principe proche de celui de similitude, sont exclues par les homéopathes du champ de l’allopathie.
Pour la médecine scientifique, la médecine dite factuelle ou fondée sur la preuv» (EBM), cette dichotomie entre allopathie et homéopathie n’a pas de sens : il existe une seule médecine, qui accepte toutes les approches, pourvu qu’elles soient validées, c’est-à-dire que l’on ait pu démontrer de manière scientifique leur efficacité clinique, notamment par des essais cliniques.
Vous n’entendrez donc jamais un médecin tenant de la médecine conventionnelle dire qu’il fait de l’allopathie, à moins qu’il ne s’adresse à un patient adepte de l’homéopathie.
Homéopathie
C’est Samuel Hahnemann qui a fondé l’homéopathie en 1796.
Le préfixe « homéo » veut dire semblable, ce qui l’oppose donc, pour les tenants de cette médecine, à l’allopathie (« allo » voulant dire différent, comme indiqué ci-dessus).
L’homéopathie repose sur trois grands principes : la similitude, l’individualisation des cas et la dilution extrême (doses infinitésimales).
Selon le principe de similitude, il convient de traiter un patient avec une substance qui reproduit chez un individu sain les symptômes que présente le patient. C’est ce que l’on résume parfois par l’expression populaire « soigner le mal par le mal ».
Selon le principe d’individualisation, le praticien analyse tous les symptômes de son patient, et pas seulement ceux provoqués par la maladie en cours. Dans ce sens, l’homéopathie peut être considérée comme une médecine holistique, qui prend en compte le patient dans sa globalité.
Le principe de dilution extrême consiste à prescrire des principes actifs à doses infinitésimales, grâce à la « dynamisation » réalisées par des « secousses » successives. Cette dilution homéopathique consiste à partir d’une « teinture-mère » contenant une toxine active, et à la diluer tellement que le produit fini ne contienne pratiquement plus aucune molécule de la toxine de départ. C’est évidemment ce principe qui est le plus en désaccord avec la pharmacologie classique.
La dilution s’exprime par le sigle « CH », pour Centésimale Hahnemannienne. A la dilution CH 9, fréquemment utilisée en pratique, il n’y a plus qu’un million de molécules dans la solution ; pour CH 11, il n’en reste plus 100, et plus aucune au-delà de CH 12.
Les médicaments homéopathiques se présentent le plus souvent sous forme de granules à laisser fondre sous la langue.
L’homéopathie semble actuellement largement rentrée dans les mœurs. J’en veux pour preuve le fait qu’il est fréquent qu’un pharmacien propose spontanément et prioritairement un traitement homéopathique à un client qui lui demande un médicament sans ordonnance pour un problème banal type rhume ou état grippal. Le produit le plus souvent proposé est le fameux Oscillococcinum.
Homéopathie et Assurance Maladie
L’homéopathie, tout comme l’acupuncture, est une « orientation » de la médecine générale (on parle de médecin généraliste à orientation homéopathique). Contrairement à la plupart des formes de médecines non conventionnelles, elle est pratiquée exclusivement par des médecins, dont la consultation est partiellement remboursée par l’assurance Maladie ; le ticket modérateur et les éventuels dépassements d’honoraires, fréquents dans cette pratique, peuvent être remboursés par les mutuelles, en fonction du contrat passé entre le patient et sa mutuelle.
Quant aux médicaments homéopathiques, ils sont remboursés, à 30 % depuis mai 2011, alors qu’ils l’étaient précédemment à 35%. L’Assurance Maladie considère en effet comme modéré le service médical rendu par les médicaments homéopathiques, ce qui ne va pas sans controverses de la part des nombreux détracteurs de l’homéopathie, qui considèrent ce service médical comme proche de zéro.
Pendant l’été 2018 une polémique sur l’homéopathie est partie d’une tribune publiée dans Le Figaro, signée par 124 médecins demandant le déremboursement des médicaments homéopathiques, faute de preuve scientifique de leur efficacité. Dans la foulée, la faculté de médecine de Strasbourg suspendait son diplôme d’homéopathie. Quant aux Français, ils sont majoritairement favorables au maintien du remboursement.
« À dose homéopathique »
Par analogie avec le principe de dilution, qui amène l’homéopathie à recourir à des doses infinitésimales de principe actif, on emploie fréquemment l’expression « à dose homéopathique » pour parler, souvent de manière ironique voire blessante, de procédés qui ne semblent pas assez ambitieux pour les objectifs visés : on peut ainsi qualifier d’homéopathiques des réformes, des augmentations de salaire, des réductions de dépenses… Il en est de même en thérapeutique conventionnelle pour des posologies très inférieures à celles qui sembleraient nécessaires.
Article publié le 11 mai 2015, modifié le 11 novembre 2018