Ces quatre substantifs sont construits à partir de la racine « trophie », qui n’est pas un terme en soi.
Atrophie et dystrophie, hypertrophie et hypotrophie, tous ces termes ont avoir avec la trophicité, autrement dit avec la croissance cellulaire et tissulaire.
Racine « trophie » et trophicité
Trophie n’existe que comme racine des mots étudiés ici. Le substantif qui correspond à cette notion est trophicité, qui désigne l’ensemble des processus et des mécanismes qui participent à la nutrition et à la croissance des tissus et des organes. C’est la même remarque que l’on peut faire avec la racine plasie et le terme plasticité (voir l’article consacré à ce sujet).
L’adjectif dérivé est trophique ; on parle notamment de troubles trophiques cutanés quand la trophicité de la peau est défaillante.
Atrophie
L’atrophie est la diminution de taille d’une cellule, d’un tissu, d’un organe ou d’un membre, que ce processus soit physiologique ou pathologique. En théorie, le préfixe « a » signifie l’absence de quelque chose ; en pratique, comme pour l’aplasie, il n’indique que de la diminution, et non pas la disparition.
Parmi les cas d’atrophie physiologique, on peut citer l’atrophie du thymus au cours de l’enfance, ou celle de l’amygdale pharyngée (les « végétations adénoïdes ») à la puberté. Dans ce cas, l’atrophie équivaut à une régression plus ou moins complète.
De nombreux organes ou tissus peuvent être frappés d’atrophie pathologique : atrophie musculaire (amyotrophie), atrophie corticale (le cortex cérébral) pour les atrophies acquises, atrophie optique, spinale ou cérébelleuse pour les atrophies congénitales.
L’atrophie d’un membre peut être congénitale ou acquise, notamment à la suite d’un traumatisme ou d’un problème vasculaire.
L’amyotrophie se rencontre dans de nombreuses maladies neurodégénératives, comme la sclérose latérale amyotrophique (la maladie de Charcot des francophones).
Dystrophie
Le préfixe « dys » indique un mauvais fonctionnement, un dysfonctionnement. La dystrophie est un terme assez générique qui désigne un trouble de la croissance d’un tissu ou d’un organe, quelle qu’en soit la cause, souvent de nature « nutritionnelle » au sens large du terme.
Par exemple, la mastose, ou dystrophie fibro-kystique du sein, est une affection dans laquelle s’associent des lésions d’atrophie, de régénération et de fibrose.
Pour les ovaires, on parle également de dystrophie ovarienne polykystique, plus connue sous le nom de syndrome des ovaires polykystiques.
De très nombreuses maladies comportent dans leur intitulé la notion de dystrophie, notamment toutes les myodystrophies, qui sont des myopathies héréditaires, ainsi que les dystrophies cérébelleuses, maladies génétiques plus souvent dénommées ataxies spinocérébelleuses
Un mot sur une affection acquise particulière acquise, l’algodystrophie.
Algodystrophie
Cette dystrophie douloureuse (le préfixe « algo » indique la douleur) porte différents noms, comme dystrophie post-traumatique, dystrophie sympathique réflexe, syndrome de Südeck, mais elle est plus connue sous le nom d’algodystrophie ou d’algoneurodystrophie quand elle s’accompagne de troubles nerveux.
Autrefois dénommée causalgie, puis algodystrophie, cette affection un peu mystérieuse porte officiellement le nom, depuis 1995, de syndrome douloureux régional complexe, SDRC, avec ses deux variantes, SDRC 1 et 2 (celle-ci correspondant à l’algoneurodystrophie).
Elle survient après un traumatisme, comme une simple fracture du poignet traitée par immobilisation plâtrée, et se manifeste par des douleurs articulaires invalidantes, des rétractions capsulo-tendineuses responsables de déformations, et des troubles trophiques cutanés. Elle atteint préférentiellement la main et le membre supérieur.
Hypertrophie et hypotrophie
Les préfixes « hyper » et « hypo » sont très employés dans le vocabulaire médical, pour qualifier le supérieur et l’inférieur par rapport à une norme (hypercalcémie, hypocalcémie).
L’hypertrophie désigne le développement excessif d’une cellule, d’un tissu, d’un organe ou d’une partie du corps, comme un membre. On ne confondra par l’hypertrophie, dans laquelle l’augmentation de volume d’un tissu est due à l’augmentation de la taille cellulaire, avec l’hyperplasie, dans laquelle cette augmentation de volume est due à une augmentation du nombre des cellules.
L’hypertrophie peut toucher différents tissus ou organes : la prostate (hypertrophie bénigne de la prostate, ex adénome prostatique), les seins (hypertrophie mammaire), les muscles (hypertrophie musculaire), les ventricules cardiaques (hypertrophie ventriculaire).
Il existe également des hypertrophies dites compensatrices, phénomène qui touche des organes fonctionnant par paires, comme le rein (hypertrophie compensatrice rénale), ou en deux parties fonctionnelles, comme le foie (hypertrophie compensatrice du foie). En chirurgie hépatique, ce mécanisme permet d’enlever une partie malade après avoir provoqué l’hypertrophie compensatrice de la partie saine.
Le contraire (l’antonyme) de l’hypertrophie est l’atrophie. Entre ces deux extrêmes, on décrit un stade intermédiaire, l’hypotrophie, préalable à l’atrophie. On parle ainsi d’hypotrophie fœtale ou néonatale. Il semble en effet que ce soit essentiellement dans le domaine obstétrical que le terme d’hypotrophie soit utilisé.
Article publié le 21 mars 2016