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Endémie / Epidémie / Epidémiologie / Pandémie

Les  trois termes « endémie », « épidémie » et « pandémie » appartiennent au vocabulaire de l’épidémiologie. Ils ont leur équivalent dans le domaine des maladies animales, parfois transmissibles à l’homme.


Les quatre termes ici expliqués étaient initialement dédiés aux maladies infectieuses, avant que leur champ d’application ne s’élargisse, notamment pour ce qui concerne l’épidémiologie.

Rappelons qu’une maladie infectieuse est une affection transmise par un micro-organisme pathogène, qu’il s’agisse d’une bactérie, d’un virus, d’un parasite, d’un prion, d’un champignon ou encore d’un protozoaire.

Une maladie transmissible, ou contagieuse, est une maladie  qui passe d’un sujet atteint à un sujet sain : la rougeole est très contagieuse, le SIDA beaucoup moins. Les maladies contagieuses sont donc des maladies infectieuses, lesquelles ne sont pas toutes, loin s’en faut, transmissibles : le paludisme n’est pas contagieux par simple contact avec un sujet porteur de la maladie.


Epidémiologie

A ses débuts l’épidémiologie  se cantonnait à l’étude des épidémies. Mais cela a bien changé.

En effet, l’épidémiologie actuelle est devenue une des disciplines sur lesquelles s’appuient la santé publique et  la médecine préventive. Le travail de l’épidémiologiste consiste à étudier les facteurs influant sur la santé des populations et le développement des maladies, et pas seulement celles qui se développent de manière épidémique.

L’épidémiologiste fait des études qui portent  sur la fréquence  des maladies (incidence et prévalence), sur leur répartition dans la population, sur leurs facteurs de risque, et sur la mortalité et la létalité dont elles sont responsables.

Il existe trois types d’études épidémiologiques : l’épidémiologie descriptive, qui recueille des informations, l’épidémiologie analytique, qui décortique les déterminants des affections étudiées, et l’épidémiologie évaluative, qui mesure l’efficacité d’une politique de santé publique.

L’épidémiologie analytique, qui cherche à évaluer des risques relatifs, procède par différents types d’études : les études de cohorte, les études cas-témoin, et les essais randomisés contrôlés.

Endémie

Paludisme

L’endémie se définit par la présence habituelle d’une maladie, en générale infectieuse, dans une population déterminée ou une région précise, avec une incidence stable : le paludisme est  endémique  dans de nombreux pays africains ; l’hépatite A est endémique en Thaïlande, ce qui implique la nécessité de se faire vacciner avant de se rendre dans ce pays.

Compte tenu de l’incidence élevée du paludisme dans le monde, on comprend qu’une maladie endémique puisse concerner plus de personnes qu’une maladie épidémique, et même qu’une pandémie.

Epidémie

Une épidémie se définit par la croissance rapide de l’incidence d’une maladie dans une région  donnée et pendant une période Epidémie de grippedonnée.

Rappelons que l’incidence d’une maladie correspond au nombre de nouveaux cas survenant pendant une période donnée. C’est, avec la prévalence, une des deux manières d’exprimer la fréquence de survenue d’un évènement.

Initialement, le terme d’épidémie ne concernait que les maladies infectieuses, comme la variole autrefois, le SIDA ou la fièvre hémorragique due au virus  Ébola actuellement, et la grippe tous les ans depuis fort longtemps. Depuis le début du XXIème siècle on assiste à l’émergence d’épidémies dues à un nouveau type de virus, les coronavirus.

L’épidémie se propage du fait de la grande contagiosité de la maladie transmissible incriminée (rappelons que toutes les maladies infectieuses ne sont pas contagieuses).

L’adjectif épidémique a deux contraires : endémique, que nous venons de voir, et sporadique, qui signifie occasionnel, ou au cas par cas.

Contamination, contagion, contagiosité et période d’incubation

  • La contamination désigne le fait, pour un individu, d’être infecté par un agent pathogène.
  • La contagion est la propagation d’une maladie infectieuse entre individu d’une même population. Il s’agit donc d’une contagion pas transmission directe, d’un individu porteur de l’agent pathogène (éventuellement porteur sain), à un individu sain.  Quand la transmission est indirecte, par exemple par le biais d’un moustique, comme dans le cas du paludisme, il ne s’agit pas d’une maladie contagieuse.
  • La contagiosité, que l’on appelait autrefois le « contage », désigne le potentiel de transmission d’une maladie contagieuse d’un individu à un autre. Le patient contaminé peut en contaminer un nombre plus ou moins grand selon le type de l’agent pathogène. Par exemple il est admis qu’un patient contaminé par le virus de la grippe va, en moyenne, contaminer une seule personne, ce qui est une contagiosité faible, par opposition au virus de la rougeole, à forte contagiosité, un individu porteur du virus pouvant contaminer jusqu’à  neuf personnes.
  • La période d’incubation est le délai qui sépare la contamination de l’apparition des premiers symptômes de la maladie. On notera qu’il n’est pas toujours facile de connaître avec précision la date de contamination. Par défaut, on fera débuter la période d’incubation du jour où le test diagnostique (quand il est disponible) revient positif. Deux exemples : la période d’incubation de la grippe est de 1 à 3 jours ; celle du Covid-19 de 2 à 14 jours. Cette période d’incubation indique la durée de la période de confinement quand elle est imposée : 14 jours pour le Covid-19.

Confinement

Confinement est un mot polysémique, utilisé dans un sens spécifique dans de nombreuses disciplines (par exemple on parle de confinement disciplinaire en milieu carcéral). Dans le domaine de la santé, le confinement fait partie d’un ensemble de mesures sanitaires dites « mesures barrières », comme le port d’un masque pour les personnes contaminées ou le lavage fréquent des mains pour tout le monde, destinées à limiter la propagation d’un agent pathogène.

Confiner une personne consiste à l’obliger à rester chez elle pendant une durée déterminée, pour qu’elle ne puisse pas contaminer d’autres personnes. Les mesures de confinement ont commencé, pour le Covid-19, avec la ville chinoise de Wuhan, épicentre de l’épidémie. En Italie, après les deux régions que sont la Lombardie et la Vénétie, c’est toute la population italienne, soit environ soixante millions de personnes, qui a été confinée à partir du 10 mars 2020.

Les 3 stades épidémiques du Covid-19

Il ne s’agit pas ici de stades épidémiologiques au sens médical du terme, mais de la progressivité des mesures prises par le gouvernement pour lutter contre la propagation de la maladie. Il s’agit donc de décisions politiques prises à l’échelon national.

  • Le stade 1 a pour but de freiner l’introduction du virus dans le pays, notamment en imposant des mesures de « quarantaine » aux personnes revenant d’une zone à risque, en particulier la province chinoise de Hubei, d’où est partie l’épidémie. Les autorités sanitaires tentent d’identifier le « patient 0 », à l’origine des autres cas, et les « sujets contacts ». Comme la période de confinement est, pour cette maladie, de 14 jours, on a remplacé le terme générique de quarantaine par celui, peu élégant mais  plus compréhensible, de « quatorzaine ».
  • Le stade 2 a pour but de freiner la propagation de la maladie. Il s’agit d’identifier les zones de circulation du virus, dans lesquels on observe la multiplication de cas autochtones, appelés « clusters », et d’appliquer à ces zones des mesures restrictives, comme la suppression des visites dans les EHPAD, pour protéger les personnes âgées, plus fragiles, ou l’interdiction d’événements rassemblant un grand nombre de personnes dans un même lieu (exemple : matchs de football joués à huis clos, c’est-à-dire sans spectateur).
  • Le stade 3 a pour but de gérer le mieux possible les conséquences de l’épidémie, qui est désormais installée, et d’en atténuer les effets néfastes. Cette étape se caractérise par la circulation du virus sur l’ensemble du territoire, qu’il n’est donc plus temps d’endiguer. Il s’agit de mobiliser l’ensemble du système de santé national pour faire face à la maladie, en attendant le reflux spontané de l’épidémie. Ces trois stades sont applicables à toute autre forme d’épidémie sévère, comme la grippe H1N1 de 2009 - 2010.

Pandémie

Une pandémie est une épidémie de très grande envergure, qui se développe sur un vaste territoire, en dépassant les frontières des états.

La définition donnée à ce terme par  l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a varié à plusieurs reprises. Actuellement il est admis que, pour parler de pandémie, la maladie  doit toucher au moins deux continents. Il est important de signaler une erreur fréquemment rencontrée dans les médias : le terme de pandémie, très anxiogène, n’a rien à voir avec le nombre de décès provoqués par la maladie en question. Tous les hivers, la grippe est une pandémie, dont le monde s’accommode sans trop de difficultés, sauf quand la pandémie est très sévère, ce qui arrive régulièrement avec certaines mutations du virus grippal. L’Histoire a gardé le souvenir de plusieurs grandes pandémies, notamment la peste noire au XIVème siècle, qui a tué environ la moitié de la population européenne, et la grippe espagnole, entre 1918 et 1920, qui a fait infiniment plus de victimes que la Grande Guerre elle-même. La grippe espagnole a été meurtrière de par ses complications pulmonaires d’origine bactérienne, de sorte que, si l’on avait connu les antibiotiques à cette époque, il y aurait eu nettement moins de morts, ce qui n’enlève rien au fait que les antibiotiques soient inefficaces contre les virus. On notera que ces deux pandémies dramatiques sont parties du même endroit que la pandémie de Covid-19, à savoir le centre de la Chine.

VirusActuellement les infections virales pandémiques concernent essentiellement le SIDA et la grippe saisonnière. Et, depuis 2003, les trois pandémies provoquées par des coronavirus : le SRAS, le MERS et le Covid-19, la dernière en date.

Rappelons que la variole, pandémie responsable de plusieurs centaines de millions de morts jusqu’au milieu du XXème siècle, a été déclarée éradiquée par l’OMS en 1979, et cela grâce à la vaccination.

 

Fort heureusement, les épidémies et les pandémies finissent par décroître spontanément. Si tel n’était pas le cas, la grande peste noire du Moyen Âge aurait fini par éradiquer toute la population européenne ; elle a reflué après en avoir tué environ la moitié.

Fausses épidémiesObésité

On a actuellement tendance à parler d’épidémie pour toute affection devenant, de par son incidence importante et sans cesse croissante, un problème de santé publique : on utilise ainsi le mot épidémie pour qualifier le développement   de l’obésité, du burnout ou du suicide en milieu professionnel, tous problèmes dont l’incidence ne cesse effectivement d’augmenter.

 Dans le cas de l’obésité, le terme d’épidémie est mal choisi car la maladie reste tout le temps présente ; il s’agirait donc plutôt d’une endémie que d’une épidémie. Mais même le terme endémie ne me semble pas adéquat, car ce dernier suppose une stabilité de l’incidence de l’obésité, qui, comme chacun le sait, augmente constamment. Le terme exact reste donc à inventer.

Equivalents dans le monde animal

Grippe aviaire

L’épidémie a son pendant dans le règne animal : l’épizootie. On parle également de  panzootie et d’endootie, par analogie avec la pandémie et l’endémie.

Une affection épizootique qui se transmet à l’homme s’appelle une « zoonose », comme l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB, mieux connue sous le nom de « maladie de la vache folle »), qui a donné lieu à des cas humains de maladie de Creutzfeldt-Jakob, affection constamment mortelle, mais fort heureusement rare et sporadique. Le Covid-19, qui sévit depuis la fin de 2019, est aussi une zoonose, puisque le coronavirus qui la provoque est un virus animal (il existe des coronavirus spécifiques de l’homme, mais beaucoup moins pathogènes).

La grippe aviaire est une épizootie, voire une panzootie, qui peut devenir une zoonose ; la grippe aviaire transmise à l’homme pourrait devenir se transformer en une épidémie, voire une pandémie, cauchemar de tous ceux qui ont des responsabilités en santé publique.

Espèce-réservoir et réservoir de virus

On appelle, en infectiologie, espèce-réservoir (anciennement dénommée « réservoir de virus ») une espèce animale qui participe au cycle de reproduction d’un agent pathogène, de quelque nature que soit ce dernier (virus, bactérie, parasite, prion, etc…), à partir de laquelle cet agent peut contaminer sporadiquement d’autres espèces, et notamment l’homme. Par exemple, la chauve-souris, connue pour être l’espèce-réservoir du virus de la rage, est suspectée aussi d’être celle du coronavirus responsable du Covid-19. L’expression « réservoir de virus » n’est plus employée car ce concept ne concerne pas que les virus.

Mortalité et létalité

Il y a deux façons de comptabiliser les décès provoqués par une maladie, la mortalité et la létalité, qui peuvent être exprimées en valeur absolue (nombre de décès) ou en pourcentage. Le nombre absolu de décès reste le même ; c’est le mode de calcul qui change. La mortalité désigne le nombre de morts provoquées par une maladie dans une population donnée, pendant une période donnée. La létalité exprime le nombre de décès dans la partie de la population affectée par la maladie. Mais, pour cela, il faut connaître le nombre de patients concernés, ce qui n’est pas toujours facile. Par exemple, pendant la pandémie de Covid-19, la mortalité était plus importante que la moyenne en Italie, et très inférieure à cette moyenne en Coré du Sud, ces deux pays étant les plus touchés par le Covid-19 après la Chine en mars 2020. La mortalité excessive de l’Italie pourrait s’expliquer par le dépassement des capacités du système de santé italien (il semblerait qu’il n’y ait pas assez d’appareils d’assistance respiratoire pour ventiler tous les patients qui devraient l’être). La mortalité très inférieure de la Corée du Sud pourrait, quant à elle, s’expliquer par le très grand nombre de tests réalisés, notamment dans la population jeune. En augmentant le recensement de patients contaminés, dont vraisemblablement un grand nombre de porteurs sains, on diminue mécaniquement le pourcentage de morts, donc la létalité, d’autant que les décès s’observent essentiellement chez les sujets âgés.

Rappelons, pour terminer ce chapitre, le parallèle que l’on peut faire avec les accidents d’avion. L’avion est responsable de beaucoup moins de morts que la voiture : mortalité très faible du transport aérien ; peu de gens survivent à un crash aérien : létalité très forte des voyages en avion.

Article publié le 22 mai 2015, modifié le 11 mars 2020, en pleine épidémie de Covid-19

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