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Bientraitance / Maltraitance

Etre bien traité, ne pas être mal traité (ce n’est pas tout-à-fait la même chose),  cela fait partie des droits des patients dont on parle beaucoup depuis quelques années.


La bientraitance et la maltraitance sont des actions, positives ou négatives, alors que la bienveillance et la malveillance sont des intentions, souvent suivies d’actions. En règle générale, on est bientraitant parce que l’on est bienveillant, et maltraitant parce que malveillant.


Droits des patients

Les droits des patients sont définis par  un certain nombre de textes, dont la fameuse « Loi Kouchner » du 4 mars 2002. Il s’agit des obligations à remplir scrupuleusement par le corps médical, les soignants et les établissements de santé vis-à-vis des patients pris en charge, tant en médecine de ville qu’en milieu hospitalier. En milieu hospitalier, aussi bien public que privé, ces droits sont résumés dans une « charte du patient hospitalisé », affichée un peu partout.

Sans entrer dans les détails, car ces droits sont de plus en plus nombreux, on peut les résumer en quatre axes : le patient doit bénéficier de soins conformes à l’état actuel de la science médicale ; il doit être informé le plus loyalement possible de son état ; il est un acteur de sa prise en charge, pour laquelle on devra obtenir son consentement ; enfin il a la liberté de choix pour tout ce qui concerne sa santé. Il y a bien sûr quelques exceptions, comme par exemple le placement d’office en milieu psychiatrique, qui se fait sans le consentement du patient, et qui est toujours vécu comme une maltraitance par celui qui en est l’objet.

Bien que cela ne figure pas en toutes lettres dans ces textes, ne pas subir de maltraitance fait partie de ces droits fondamentaux du patient. C’est même le fondement des droits des patients.

Bienveillance et bientraitance

La bienveillance est un état d’esprit, qui est souhaitable chez tous les soignants, mais qui, à la limite, n’est pas indispensable pour faire preuve de bientraitance, qui est une notion éthique qui relève de l’action ; a minima, la bientraitance, c’est l’absence de maltraitance. Mais, idéalement, la bientraitance doit être positive, et se traduire par des actions proactives pour le bien-être des patients. Le respect de la dignité des patients fait partie de la bientraitance : appeler les gens par leur nom, ne pas les tutoyer, sauf demande contraire, respecter leur pudeur lors des soins, lors demander leur accord, respecter leurs interdits alimentaires, etc

Dans le domaine sanitaire et social qui nous occupe ici, la bientraitance concerne tous les patients, notamment les enfants et les personnes âgées, les plus exposées à la maltraitance. Mais cette notion est en réalité beaucoup plus étendue, et s’applique par exemple aux animaux.

Malveillance et maltraitance

La malveillance est un état d’esprit, qui pousse par exemple un professionnel à dire du mal de ses collègues. Elle expose au passage à l’acte représenté par la maltraitance, qui, comme son nom l’indique, est un mauvais traitement infligé à une victime par une personne en situation de pouvoir ou de domination. Parfois, la maltraitance est plus ou moins consentie, comme dans les bizutages, auxquels il est difficile, pour un étudiant, de se soustraire (d’autant que, les années suivantes, il deviendra peut-être bizuteur).

Il existe différentes formes de maltraitance : les violences physiques, psychologiques et sexuelles, et les situations de privation.

Les violences physiques sont essentiellement des coups et blessures, dont les principales victimes sont les enfants et les femmes vivant en couple. Ces violences sont responsables tous les ans d’un nombre important de décès.

Mais le simple fait d’attacher un patient agité (contention) est considéré comme une maltraitance du personnel en l’absence de prescription par un médecin de l’établissement.

Les violences psychologiques consistent à humilier ou harceler une personne par quelqu’un qui est en général son supérieur hiérarchique, par exemple en mettant « au placard » un salarié. Elles peuvent aboutir au burn out, et même au suicide, comme cela s’est vu en 2016 pour un cardiologue d’un CHU parisien, qui s’est défenestré à la suite de sa « placardisation ». Les personnes handicapées sont des victimes prédisposées aux violences psychologiques.

Les violences sexuelles, harcèlement, viol, pédophilie, inceste, sont un véritable fléau. On peut y rajouter les mutilations sexuelles (excision, infibulation) dont sont victimes un très grand nombre de femmes en Afrique, et qui sont strictement interdites en France.

Les situations de privation sont probablement celles qui ont le plus cours dans le domaine sanitaire et social, notamment en EHPAD : privation de nourriture, de soins, d’attention et d’affection.

Bref, il y a encore du travail pour espérer vivre dans une société mieux traitante.

Maltraitance médicale

En 2016 est paru un livre écrit par Martin Winckler, médecin retraité et écrivain très apprécié (La maladie de Sachs, c’était lui) : Les brutes en blanc. Ce livre a déclenché une vive polémique dans le milieu médical car l’auteur y dénonce bon nombre de comportements médicaux inacceptables bien que fréquents, que l’on peut qualifier de maltraitance médicale. Ces comportements seraient typiques de la médecine française, alors que la médecine anglo-saxonne ou scandinave en serait à peu près exempte. Question de mentalités.

La maltraitance médicale peut s’exercer contre d’autres médecins, comme les brimades et les humiliations que subissent bon nombre d’étudiants en médecine. Mais elle atteint le plus souvent des patients, que ce soit en médecine libérale ou à l’hôpital. La maltraitance peut être simplement verbale, par exemple en se moquant d’un patient à propos de son poids excessif ; elle peut aussi s’exprimer dans des comportements inappropriés, comme le fait de passer outre le refus exprimé par un patient de subir un examen, ou même de se déshabiller. La pire maltraitance consiste à faire un examen gynécologique ou une échographie endo-vaginale sans le consentement de la patiente. Cela peut être considéré comme un viol, dont on rappelle que c’est, en droit français, un crime, et pas seulement un délit. L’auteur connaît parfaitement, pour y avoir travaillé, le milieu de la gynécologie, dont il tire nombre de ses exemples.

Pour un médecin, la bientraitance pourrait être simplement le respect d’une règle très simple : un médecin devrait toujours traiter ses patients comme il aimerait être traité s’il était à leur place. C’est simple à exprimer, mais il y a encore un long chemin à parcourir pour y arriver.

Article publié le 21 décembre 2015

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