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Sérologie / Sérum


La sérologie désigne l’étude des sérums, ce terme étant pris dans le sens restrictif de sérum sanguin. Il existe d’autres sortes de sérums.


La sérologie ressort du domaine de la biologie médicale. C’est un élément essentiel dans le diagnostic et le dépistage de certaines maladies infectieuses, notamment virales.


Différentes sortes de sérums

Le mot sérum est utilisé pour désigner des choses très différentes, dont le seul point commun est de se présenter sous une forme liquide.

1) Le sérum sanguin

Le sang est composé par l’association du plasma et des « éléments figurés », autrement dit les globules blancs (les leucocytes) et rouges (les hématies), ainsi que les plaquettes (les thrombocytes). Lorsqu’on met un échantillon sanguin, recueilli par une « prise de sang », dans un tube sec, c’est-à-dire dépourvu d’inhibiteur de la coagulation, et qu’on lui fait subir une centrifugation, la partie qui surnage dans le tube s’appelle le sérum. Contrairement au plasma, le sérum est débarrassé des facteurs de coagulation et du fibrinogène, qui ont été consommés par la coagulation. On comprend donc que le sérum n’existe pas  à l’état naturel ; c’est un artifice de laboratoire. C’est sur ce sérum que porte la plupart des analyses de biologie médicale, comme le ionogramme sanguin ou le dosage de la glycémie.

2) Le sérum physiologique

Sérum physiologique (le « sérum phy »)  est une dénomination impropre, puisqu’il ne s’agit pas de sérum à proprement parler,  mais d’une solution isotonique au sang (elle a la même osmolarité que le sang). Le sérum physiologique est utilisé pour nettoyer le nez, les oreilles ou les yeux, pour rincer les lentilles de contact, ou encore pour remplir les prothèses mammaires. C’est dire que les indications du sérum physiologique sont nombreuses et variées.

3) Sérum salé et sérum glucosé

Le sérum salé existe sous deux formes : le sérum salé isotonique et le sérum salé hypertonique.
Le sérum salé isotonique a une concentration de 0,9%, soit 9 g de NaCl (chlorure de sodium), et une osmolarité de 308 mOsm/L, c’est-à-dire qu’il est isotonique au plasma. Il est utilisé en réanimation comme soluté de remplissage vasculaire, mais surtout comme support à une perfusion permettant de passer des médicaments. On s’en sert également de « garde veine », quand on veut conserver un cathéter veineux sans apport de médicament. Il fait partie de la catégorie des solutés cristalloïdes (particules de petite taille, par opposition aux solutés colloïdes, qui contiennent des grosses molécules.
Le sérum salé hypertonique est utilisé dans le traitement de certains œdèmes cérébraux, ainsi qu’en nébulisations cotre l’encombrement bronchique.
Le sérum glucosé à 5% fait aussi partie de solutés cristalloïdes utilisés en réanimation, notamment pour traiter une hypoglycémie sévère, voire un coma hypoglycémique. Il contient 50 g/L de glucose, et est également isotonique par rapport au plasma.

4) Sérum immunisant et sérothérapie

La sérothérapie, encore appelée immunisation artificielle passive, c’est l’utilisation d’un sérum doté d’un pouvoir immunisant du fait qu’il est bourré d’anticorps pour traiter certaines maladies infectieuses comme le tétanos (sérum antitétanique, élaboré à partir de sérum de cheval), ou la rage (sérum antirabique, employé pour la première fois par Pasteur pour empêcher l’apparition de la rage chez un enfant mordu par un animal enragé). On emploie également la sérothérapie pour traiter les envenimations dues aux morsures de serpent (sérum antivenimeux).

On ne confondra pas sérothérapie, qui apporte des anticorps déjà existants, et vaccination, qui suscite la fabrication d’anticorps par le système immunitaire.

5) Sérum de vérité

Un mot sur le fameux « sérum de vérité », terme générique qui désigne une substance médicamenteuse injectée à un sujet non consentant dans le but d’obtenir des informations censées rester secrètes. Ce sérum de vérité, souvent du thiopental sodique (le fameux Penthotal®), est utilisé de façon récurrente dans les films policiers ou d’espionnage

6) Sérum en cosmétologie

La cosmétologie est une grande pourvoyeuse de « sérums » en tous genres,  qu’ils soient anti rides, anti âge ou anti tout ce que l’on veut (ou plus exactement tout ce dont on ne veut plus). Si vous faites une recherche sur Internet avec le mot-clé sérum, c’est sur ce type de sérum que porteront les premières réponses fournies par votre moteur de recherche.

7) Mots dérivés de sérum : sérome ; sérique ; sérothèque

  • Sérome : Un « sérome » est une collection pathologique de liquide dans un tissu ou un organe, apparue après un traumatisme, notamment chirurgical. C’est peu ou prou la même chose qu’un hématome, si ce n’est que ce dernier comporte toujours une partie solide, liée à la présence d’éléments figurés du sang. La cure de hernie inguinale par voie cœlioscopique génère assez souvent des séromes, que l’on peut traiter par l’abstention, ou que l’on guérit par la ponction. 
  • Sérique : l’adjectif sérique qualifie ce qui est en rapport avec le sérum. Ainsi, le fer sérique est la partie du fer non liée aux globules rouges. Fer plasmatique serait en fait une formulation plus appropriée, puisque, je le rappelle, le sérum n’existe pas en tant que tel dans le sang.

Mais l’adjectif sérique se rapporte également aux séreuses : on peut parler indifféremment de cavité séreuse ou de cavité sérique, pour parler par exemple de la cavité pleurale ou péricardique, bien que la seconde expression soit moins employée que la première.

  • Sérothèque : Une sérothèque, autrement dit une bibliothèque de sérums, est un lieu où l’on entrepose des liquides biologiques au sein d’un laboratoire de biologie médicale. Il devient ainsi possible de refaire éventuellement des analyses déjà effectuées, ou d’en faire de nouvelles, si la nécessité s’en fait sentir ultérieurement, du fait de l’apparition de nouvelles techniques de biologie médicale.

Sérologie : principes de base

La sérologie peut être définie comme l’étude des sérums et des variations de leurs propriétés au cours de certaines maladies. Sérum est pris ici dans le sens défini au paragraphe « sérum sanguin ».

C’est une méthode de biologie médicale visant à rechercher, dans un sérum recueilli par prélèvement sanguin,  la présence d’anticorps (immunoglobulines).

Ces anticorps peuvent être en rapport avec une maladie infectieuse, ou une maladie auto-immune s’il s’agit d’auto-anticorps. Cependant, l’usage veut que, lorsqu’on parle de sérologie, c’est habituellement dans le cadre d’une maladie infectieuse, qu’elle soit virale, bactérienne ou parasitaire. Nous nous limiterons, pour la suite de cet article, à la sérologie des maladies infectieuses, qui consiste donc à évaluer le niveau d’immunité d’un patient vis-à-vis d’une maladie infectieuse donnée. Précisons d’emblée que la sérologie ne s’applique pas à toutes les maladies infectieuses.

Lorsqu’un organisme est en contact avec un agent infectieux, le système immunitaire va provoquer l’apparition d’anticorps, autrement dit d’immunoglobulines (Ig). Celles-ci appartiennent, dans un premier temps,  à la classe des IgM, puis, secondairement, à celle des IgG, qui ont une durée de vie plus longue que les IgM, lesquelles disparaissent assez rapidement. En cas de réinfection par le même agent pathogène, la mémoire immunitaire fait augmenter brutalement le taux d’IgG.

Sérologies : techniques de base

Les techniques de mise en évidence des anticorps sont trop nombreuses pour les être toutes citées. En voici quelques unes, par ordre alphabétique : immunofluorescence, méthode immuno-enzymatique ELISA, radio-immunologie, test de fixation du complément, western-blot.

Le choix d’une méthode dans une situation donnée est orienté par la sensibilité et la spécificité de ladite méthode : en cas de dépistage, on privilégie la sensibilité, qui est corrélée avec un faible taux de faux négatifs ; pour une confirmation, on cherche à avoir le moins possible de faux positifs, ce qui implique une méthode ayant une bonne spécificité.

Sérologie infectieuse : différentes indications

La sérologie est utilisée en premier lieu pour le diagnostic et le dépistage des maladies infectieuses de nature  bactérienne, parasitaire, ou surtout virale. En second lieu, dans le cadre de la vaccination, soit pour évaluer son efficacité, comme dans le cadre de l’hépatite B (sérologie quantitative HBV), soit pour déterminer le statut immunitaire avant vaccination : sérologie VZV (virus zona-varicelle) avant vaccination chez les personnels de santé ; sérologie HAV (hépatite A) avant vaccination chez les sujets à risques.

Sérologie : indications particulières

  • Accident d’exposition au sang (AES).

Certains virus sont très contaminants par voie sanguine, notamment le VIH et le virus de l’hépatite B ou de l’hépatite C. Les professionnels de santé sont particulièrement exposés à être en contact accidentel avec le sang d’un patient, dont on ne sait pas, dans la plupart des cas, s’il est infecté par un de ces trois virus. La personne qui a subi un AES doit donc se faire faire impérativement une sérologie vis-à-vis de chacun de ces trois virus.

  • Bilan prétransfusionnel

Les sérologies suivantes sont recommandées, mais non obligatoires : HIV, HBV (hépatite B), HAV (hépatite A), HTLV (Human T-Lymphotropic virus, rétrovirus dont il existe deux variétés (HTLV 1 et 2), CMV (Cytomégalovirus).

  • Bilan prégreffe

On rajoute à ces sérologies virales une sérologie bactérienne, celle de la syphilis, et une sérologie parasitaire, celle de la toxoplasmose.

  • Grossesse

Sont obligatoires chez une femme enceinte les sérologies de la rubéole et de la toxoplasmose ; celle du VIH est particulièrement recommandée.

Sérologie : pour  quels micro-organismes ?

Voici une liste non exhaustive des bactéries, parasites et virus pour lesquels on dispose d’une sérologie.

  • Bactéries : borréliose (maladie de Lyme) ; brucellose ; leptospirose ; salmonelloses (typhoïde et paratyphoïde) ; streptococcies ; syphilis…
  • Parasites : paludisme et toxoplasmose.
  • Virus : les virus sont ici nommés à l’anglo-saxonne, avec le V de virus à la fin du sigle, comme dans HIV, le VIH des francophones.

CMV, EBV (virus d’Epstein-Barr), hépatites virales (HAV, HBV, HCV), HIV, HTLV, ROR (oreillons, rougeole et rubéole), VZV (varicelle et zona)…

Séronégativité, séropositivité, séroconversion

Une sérologie négative (séronégativité) indique qu’il n’y a jamais eu de contact entre l’organisme et le micro-organisme testé, ou que le contact est trop récent pour que des anticorps aient eu le temps d’apparaître.

A contrario, une sérologie positive (séropositivité) atteste d’un contact récent ou ancien avec l’agent infectieux concerné. Bien entendu, l’étude des classes d’immunoglobulines permet de savoir s’il s’agit d’un contact ancien ou récent.

La séroconversion se définit par le passage d’un état à l’autre. Par exemple, l’apparition d’une séropositivité pour la toxoplasmose permet de situer le début de la contamination chez une femme enceinte. La séroconversion est établie en cas d’apparition d’IgG spécifiques.

La séroconversion peut aussi fonctionner dans l’autre sens, celui du passage d’une séropositivité à une séronégativité. Mais c’est nettement plus rare.

Séropositivité et VIH

En principe, la séropositivité désigne la présence dans le sérum d’un patient d’anticorps dirigés contre un agent infectieux. Dans le cas du VIH (virus de l’immunodéficience humaine, HIV en anglais), l’apparition de ces anticorps est corrélée avec la présence pérenne du virus dans le sang du patient. Ce qui explique que, en matière de VIH, séropositivité signifie, dans le langage courant, porteur du virus, et donc contagieux.

Un « séropo », comme on le dit en langage courant, est donc un individu, homme ou femme, susceptible de transmettre le virus du SIDA, essentiellement par voie sexuelle.

Il y a toujours un  délai incompressible entre le rapport contaminant et la séroconversion, moment à partir duquel les anticorps devenant  détectables, le patient devient séropositif.

L’espoir des chercheurs est que les traitements futurs permettent d’obtenir une séroconversion inversée, c’est-à-dire la disparition du virus du SIDA, et non pas son apparition, dans le sang des patients traités par ces nouvelles molécules.

On ne soulignera jamais assez que séropositif ne veut pas dire malade du SIDA, puisque l’on peut parfaitement être porteur sain. Un porteur sain est tout aussi contagieux qu’on malade du SIDA, voire plus puisqu’il peut ne pas connaître sa séropositivité. C’est ce qui a déclenché la flambée du SIDA à partir du milieu des années 80.

Article publié le 7 août 2017

 

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