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Terminologie des maladies de l'appareil digestif I - P

Les maladies de l’appareil digestif sont parmi les plus fréquentes. Elles sont prises en charge par les spécialités de gastro-entérologie et de chirurgie digestive, qui possèdent, comme toutes les autres spécialités médicales, leur lexique spécifique.


En raison du grand nombre de définitions que comporte cet article, il a été divisé en quatre parties : de A à C, de D à H, de I à P et de R à Z. Troisième partie: de I à P.


I

1. Ictère
L’ictère est le nom médical de la jaunisse. C’est une coloration jaune de la peau et des muqueuses (les téguments), due à un taux sanguin élevé de bilirubine libre ou conjuguée. C’est donc un symptôme clinico-biologique : ictère à bilirubine libre (en général provoquée par une hémolyse) ou ictère à bilirubine conjuguée, dû à une choléstase intra ou extrahépatique (obstacle hépatique dans le premier cas, sur les voies biliaires dans le second).
Selon l’intensité de la coloration jaune, on parle de subictère quand elle est peu intense, et d’ictère franc dans le cas contraire. Le subictère débute au niveau de la sclère oculaire (le « blanc » de l’œil). C’est donc à tort que l’on emploie l’expression « ictère conjonctival », que nous garderons car elle est validée par l’usage. L’ictère franc est cutanéo-muqueux.
L’ictère est physiologique chez le nouveau-né.
L’ictère peut être accompagné d’autres symptômes, comme la douleur et la fièvre. L’ictère « douloureux et fébrile » traduit l’existence d’une angiocholite, qui est donc aussi un syndrome clinique, et en aucun cas une constatation d’imagerie.

2. Idiopathique
Idiopathique est un adjectif qui signifie « sans cause connue ». Cet adjectif n’est pas propre au vocabulaire de la gastro-entérologie.

3. Iléon
L’iléon est la partie terminale de l’intestin grêle. Il fait suite au jéjunum. Sa dernière anse s’abouche au bord interne du cæcum, au niveau de la jonction iléo-cæcale, équipée  de la valvule de Bauhin, qui est censée éviter le reflux du cæcum vers l’iléon. Il mesure entre 4 et 5 mètres. L’appendice est implanté au bord interne du cæcum, immédiatement en dessous de la jonction iléo- cæcale.

4. Iléostomie
Une iléostomie est un abouchement temporaire ou définitif de l’iléon à la peau. Quand elle est réalisée à titre temporaire, par exemple pour protéger une anastomose colo-anale, elle est souvent « latérale », sans interruption de la continuité intestinale. Quand elle est définitive, elle est « terminale », l’iléon étant abouché à la peau sur tout le diamètre du segment amené en stomie.
Une iléostomie donne des selles liquides, agressives pour la peau péristomiale, d’où la nécessité d’un appareillage minutieux de la stomie.

5. Iléus
Iléus est en principe synonyme d’occlusion intestinale. Mais, en pratique, on réserve ce terme aux occlusions fonctionnelles, sans obstacle (occlusion mécanique), et on parle alors d’iléus « paralytique », comme on en rencontre dans les suites des interventions digestives : iléus postopératoire. La seule exception est l’iléus biliaire (cf. infra).

6.  Iléus biliaire
L’iléus biliaire est une forme particulière et rare d’occlusion mécanique, par obstruction de l’intestin grêle par un volumineux calcul vésiculaire, passé directement de la vésicule au duodénum à la faveur d’une fistule cholécysto-duodénale. Cette fistule est responsable d’un signe radiologique évocateur, l’aérobilie.

7. Iléite
Comme l’indique le suffixe « ite », l’iléite est une inflammation de l’iléon, qu’elle  soit aiguë ou chronique. Dans ce dernier cas, l’iléite, que l’on qualifie souvent de « terminale » car elle a tendance à toucher les dernières anses grêles, est souvent une manifestation de la maladie de Crohn, qui est classée dans le groupe de maladies appelées MICI (maladies inflammatoires chroniques de l’intestin).

8. Incontinence
L’incontinence fécale est beaucoup moins fréquente que l’incontinence urinaire, et beaucoup plus difficile à supporter pour le patient qui en est atteint. Elle peut se manifester de deux façons : il peut s’agir d’une difficulté du sphincter anal à contrôler parfaitement l’exonération, comme on peut l’observer temporairement après chirurgie proctologique, ou encore en cas de diarrhée aiguë. La compétence sphinctérienne est alors insuffisante. Mais il peut aussi s’agir d’une perte de la conscience du mécanisme d’exonération, comme on le constate chez les sujets grabataires : les selles  s’extériorisent sans que le patient en soit conscient. C’est ce mécanisme qui est à l’œuvre dans l’encoprésie, incontinence fécale infantile (l’équivalent de l’énurésie, autrement dit le « pipi au lit »).

9. Infarctus mésentérique
L’infarctus mésentérique est la forme aiguë et gravissime de l’angor intestinal, autrement dit de l’athérome des artères digestives, l’intestin grêle ayant, contrairement au côlon, une vascularisation terminale, sans suppléance, comme on l’observe au niveau du myocarde. Cette vascularisation circule dans le mésentère, ce qui justifie que l’on parle d’infarctus mésentérique. Le territoire concerné dépend du niveau de l’obstruction vasculaire. Si c’est le tronc de l’artère mésentérique supérieure qui est obstrué, c’est tout le grêle qui va se trouver infarci (nécrosé), ce qui n’est pas compatible avec la survie. Si  l’obstruction est plus distale, les lésions d’infarcissement seront plus limitées, accessibles à une résection d’urgence des zones atteintes. L’infarctus mésentérique est l’équivalent intestinal de l’infarctus du myocarde. C’est une urgence thérapeutique absolue.

10. Intervention de Longo
L’intervention de Longo porte le nom du médecin italien qui l’a imaginée. Il s’agit de traiter les manifestations hémorroïdaires non pas en enlevant les hémorroïdes (hémorroïdectomie, dont il existe plusieurs modalités), mais en les remettant à leur place, c’est-à-dire en les remontant, pour qu’elles ne soient plus symptomatiques. Il s’agit donc d’une hémorroïdopexie, réalisée avec une agrafeuse spécifique.

11. Intestin
L’intestin est la partie du tube digestif qui commence au duodénum, et se termine à l’anus. Il comporte successivement le duodénum, constitué de quatre parties (D1 à D4), la première nommée « bulbe duodénal », puis l’intestin grêle, formé du jéjunum et de l’iléon, ensuite le côlon, divisé en cæcum, côlon ascendant, côlon transverse (le transverse, tout simplement), côlon iliaque ou descendant, côlon sigmoïde (ou sigmoïde, tout aussi simplement), puis rectum. Le cæcum, le côlon ascendant et la moitié droite du côlon transverse forme le côlon droit, les autres parties le côlon gauche.
L’intestin grêle sert à l’absorption des aliments, le côlon à l’élimination des déchets.

12. Intestin irritable
Le syndrome de l’intestin irritable est une des nombreuses dénominations des troubles fonctionnels intestinaux. Cela ne veut pas dire grand-chose, mais cela dessine un cadre nosologique pour tous ces troubles très fréquents qui doivent pouvoir recevoir un nom. Colopathie fonctionnelle est une autre dénomination de ce syndrome.

13. Intolérance au gluten
L’intolérance au gluten, souvent appelée à tort allergie au gluten (celle-ci existe, de même que l’allergie au blé, mais c’est un autre problème), porte aussi le nom de maladie cœliaque. C’est une intolérance permanente à une ou plusieurs fractions du gluten. Le gluten (son nom dérive de la glu, ce qui indique bien son rôle de liant dans l’alimentation) est une protéine de réserve présente dans la plupart des céréales, notamment le blé, le seigle et l’orge. Elle est responsable d’une atrophie villositaire (destruction progressive des villosités intestinales) qui provoque en général un amaigrissement et une diarrhée par malabsorption, laquelle porte aussi sur le fer, le calcium et l’acide folique, d’où la fréquence de l’anémie.
Une fois le diagnostic posé, le seul traitement repose sur l’élimination totale et définitive du gluten, ce qui représente une vraie contrainte quand on sait qu’il y a du gluten dans presque tous les aliments. Cette contrainte du régime sans gluten, de plus en plus de gens non atteints par la maladie cœliaque, mais souffrant de troubles fonctionnels variés (syndrome de l’intestin irritable) se l’imposent pourtant, sans que l’intérêt de ce régime soit scientifiquement démontré. On pourrait presque dire que, parmi toutes les personnes qui suivent un régime sans gluten, celles qui en ont impérativement  besoin sont probablement minoritaires.

14. IRM – RMN
IRM signifie « imagerie par résonnance magnétique », et RMN « résonnance magnétique nucléaire ». Le premier sigle est nettement plus employé en médecine dans la mesure où cette technique est un examen d’imagerie fondée sur l’utilisation d’un champ magnétique.
L’IRM a des indications bien précises en pathologie digestive, notamment l’exploration de l’intestin grêle par entéro-IRM.
L’IRM est contre-indiquée chez les patients claustrophobes.

15. Intoxication alcoolo-tabagique
Nombre de maladies digestives sont provoquées par l’alcoolisme, notamment la cirrhose. L’alcoolisme est fréquemment associé au tabagisme, ce qui donne l’intoxication alcoolo-tabagique, que l’on retrouve par exemple dans les facteurs de risque du cancer de l’œsophage ou des cancers de la sphère ORL. En raccourci, on parle de patients alcoolo-tabagiques.

J

16. Jaunisse
C’est le terme « grand public » pour désigner un ictère. Les médecins ne l’emploient jamais, sauf pour expliquer à un patient ce qu’est un ictère.

17. Jéjunite
Comme l’indique le suffixe « ite », une jéjunite est une inflammation du jéjunum, qu’elle soit aiguë ou chronique, quelle qu’en soit la cause.

18. Jéjunostomie
Jéjunostomie désigne l’abouchement du jéjunum à la peau. Contrairement à l’iléostomie, qui sert à dériver le contenu intestinal, la jéjunostomie est utilisée essentiellement en vue d’une alimentation entérale, temporaire ou définitive, grâce à l’implantation dans le jéjunum d’une sonde d’alimentation ou d’un cathéter de gros calibre.

19. Jéjunum
Le jéjunum est la partie initiale de l’intestin grêle. Il débute à l’angle duodéno-jéjunal (angle de Treitz), siège de la première anse, et se termine par l’iléon, sans qu’il existe de délimitation franche entre les deux parties constitutives du grêle. Son rôle essentiel se situe dans l’absorption des nutriments.

K

20. Kyste hydatique
Le kyste hydatique s’appelle également hydatidose ou échinococcose hydatique. C’est une maladie parasitaire (une parasitose) provoquée par l’ingestion involontaire d’œufs du ténia échinocoque (Echinococcus granulosus). L’hôte définitif du parasite est le chien. ; il peut contaminer l’homme, mais aussi de nombreux animaux sauvages ou domestiques (le bétail).
Le kyste hydatique a deux localisations préférentielles, le foie et le poumon.
C’est une maladie fréquente dans le monde, partout où coexistent chiens et herbivores (notamment les moutons), mais rare en France.

21. Kyste sacro-coccygien
Le kyste sacro-coccygien porte différents noms : kyste du sinus pilonidal, ou même, tout simplement, sinus pilonidal. Il s’agit d’un kyste sous-cutané rempli de poils, qui se situe spécifiquement au niveau du sillon inter-fessier. L’évolution se fait volontiers vers l’abcédation : abcès pilonidal.
C’est une affection méconnue du grand public, malgré sa fréquence élevée.

L

22. Laparoscopie
Laparoscopie est le synonyme peu usité de cœlioscopie. Une exception cependant : on parle d’ « open laparoscopie » pour désigner une modalité de laparoscopie « ouverte », à savoir réalisée sous contrôle de la vue.
A l’inverse, on utilise beaucoup plus souvent laparotomie que cœliotomie.

23. Laparotomie
La laparotomie est l’ouverture chirurgicale de la cavité péritonéale. On lui adjoint en général un qualificatif pour préciser la manière dont cette ouverte est pratiquée : « laparotomie médiane » pour une ouverture verticale empruntant le trajet de la ligne blanche ; on précise également médiane sus-ombilicale, sous ombilicale, ou xipho-pubienne selon sa localisation par rapport à l’ombilic.
En pratique, la laparotomie est réalisée dans le but d’effectuer un geste précis. En l’absence de diagnostic préalable, on procède à une « laparotomie exploratrice » ; si elle ne trouve rien d’anormal, il s’agit alors d’une « laparotomie blanche ».
Quand une laparotomie est réalisée après une cœlioscopie,  dans le même temps opératoire, il s’agit d’une « conversion » de la cœlioscopie en laparotomie. La cœlioscopie a pris le pas sur la laparotomie pour la plupart des interventions de chirurgie abdominale

24. Lavement
Le lavement (enema en anglais) en question est celui du côlon, que l’on peut également appeler irrigation colique. Il s’agit d’introduire dans l’anus une canule reliée à un matériel spécifique (bocal, poire…) qui va permettre d’instiller dans le rectum et le côlon un liquide, le plus souvent de l’eau, avec ou sans produits ajoutés (des laxatifs liquides par exemple). On appelle parfois à tort lavement la simple instillation de laxatifs liquides dans l’anus, pour traiter la constipation, par opposition au « grand lavement », le classique « lavement évacuateur ». Dans ce cas, il vaut mieux parler de « micro-lavement ».
Le lavement est utilisé le plus souvent pour traiter la constipation, notamment en cas de fécalome. Il peut aussi être utilisé chez les patients porteurs d’une stomie définitive, pour éviter l’irruption de selles dans la journée : c’est l’irrigation colique. Le lavement fait aussi partie de la préparation colique avant coloscopie. En revanche, on n’y recourt plus guère avant chirurgie colique.
Le lavement « opaque » était très utilisé autrefois en imagerie médicale, mais les nouveaux moyens d’investigation l’ont rendu obsolète sous sa forme de « lavement baryté » (la baryte est un produit opaque aux rayons X). On utilise encore parfois le « lavement aux hydrosolubles », notamment pour la recherche d’une fistule ou d’une perforation colique. La réalisation d’un tel lavement se fait également par l’intermédiaire d’une canule rectale. Le colo-scanner nécessite la réalisation préalable d’un lavement à l’eau.
Le matériel que l’on utilisait autrefois pour les lavements portait le joli nom de « clystère », très utilisé à l’époque des « médecins de Molière ».

25. Laxatif
Un laxatif est un produit qui accélère le transit intestinal, utilisé pour combattre la constipation. Certains se prennent par voie orale, d’autres par voie rectale, sous forme de suppositoires ou de micro-lavements.
Selon leur mode d’action, on trouve des laxatifs « de lest » (comme les fibres alimentaires), des lubrifiants, des laxatifs osmotiques, des laxatifs de contact, des laxatifs sécrétoires, des laxatifs à usage rectal.
Les laxatifs sont souvent consommés en automédication, sur des périodes longues, malgré les dangers qu’ils peuvent présenter.

26. Lipase – Lipasémie
Il existe en fait non pas une, mais des lipases, qui sont des enzymes de type estérases, impliquées dans le métabolisme des triglycérides. La lipase dont nous parlons ici est la lipase pancréatique, qui intervient dans la digestion des graisses.
La lipasémie est le taux sanguin de la lipase. Son augmentation traduit, en règle générale, l’existence d’une pancréatite, quand elle est demandée dans le cadre du bilan d’une douleur abdominale cliniquement compatible avec ce diagnostic. Le dosage de la lipasémie a détrôné celui de l’amylasémie, ou du dosage combiné de ces deux enzymes.
Une augmentation transitoire de la lipasémie peut être observée au décours d’une sphinctérotomie endoscopique ou d’une migration lithiasique. On parle alors de « pancréatite biologique ».

27. Lithiase
Lithiase est le nom générique d’un groupe de maladies qui aboutissent à l’apparition, dans un conduit naturel, d’une concrétion appelée calcul. Ce mot dérive du grec « lithos », la pierre. On rappelle que la lithiase urinaire était autrefois appelée « maladie de la pierre », celle-là même dont souffrait le philosophe Montaigne.
Il existe trois variétés de lithiase : la lithiase urinaire, dont la manifestation la plus connue est la crise de colique néphrétique, la lithiase salivaire, qui bouche les canaux excréteurs des glandes salivaires, et la lithiase biliaire, la seule qui concerne la pathologie digestive. Il n’y a aucun lien entre ces trois affections.
La lithiase biliaire est en premier lieu une lithiase vésiculaire, avec production in situ de calculs vésiculaires responsables de plusieurs manifestations dont les plus fréquentes sont la crise de colique hépatique (la « crise de foie »), et la cholécystite (inflammation, aiguë ou chronique, de la paroi vésiculaire). Si des calculs s’échappent de la vésicule pour passer dans les voies biliaires, il s’agit alors d’une lithiase cholédocienne, qui peut aboutir à l’apparition d’un ictère, voire d’une angiocholite (infection de la bile en rétention au-dessus du calcul). Il existe une forme rare de lithiase des voies biliaires, la lithiase intra-hépatique, dont une forme asiatique, due à l’existence d’une parasitose.
Si l’on découvre un calcul dans le cholédoque après cholécystectomie, il s’agit d’une « lithiase résiduelle », c’est-à-dire d’un calcul présent dans le canal cholédoque au moment de l’intervention, et passé inaperçu. En effet, les calculs biliaires ne se forment pas dans les voies biliaires normales (à l’exception rare de la lithiase intrahépatique d’origine parasitaire).
Selon la nature chimique des calculs, on décrit la lithiase pigmentaire et la lithiase choléstérolique. Selon leur taille, on parle de microlithiase ou de macrolithiase.
Par extension, les calculs sont de plus en plus souvent qualifiés de lithiases : « présence de 2 volumineuses lithiases intra-vésiculaires », peut-on lire de plus en plus souvent dans des comptes-rendus d’échographie. A mon sens, cette formulation n’est pas correcte, et l’on ne devrait pas employer « lithiase » pour « calcul ».

28. Lithotritie – Lithotripsie 
La lithotritie (ou lithotripsie) extracorporelle est une méthode destinée à pulvériser les calculs. Elle a été utilisée un temps pour les calculs biliaires, mais le développement de la cholécystectomie cœlioscopique l’a rendue totalement obsolète, contrairement à la lithotritie des calculs urinaires, qui reste un traitement très utilisé.

M

33. Marqueurs
Un marqueur est une molécule dont la présence dans le sang ou un autre liquide biologique signe la présence d’un état pathologique ou d’une maladie, le plus souvent un cancer.
Il existe des marqueurs de l’inflammation, cellulaires ou plasmatiques, des marqueurs en génétique, et, surtout, des marqueurs tumoraux, dont le plus connu est le PSA (antigène prostatique spécifique), corrélé  avec la probabilité d’un cancer de la prostate.
La plupart des marqueurs tumoraux n’étant ni sensibles ni spécifiques, on ne les utilise pas tant pour le diagnostic de cancer, du fait d’un taux élevé de faux positifs, que pour la surveillance d’un cancer traité, ici un cancer digestif. Mais, pour que la surveillance du taux d’un marqueur ait un intérêt, il faut que le marqueur soit élevé au moment du diagnostic. Dans ce cas, le marqueur tumoral doit se normaliser sous l’effet du traitement, et rester stable ; son élévation secondaire doit faire craindre une reprise évolutive.
En cancérologie digestive, on utilise essentiellement l’ACE, le CA 19-9, l’alpha-fœtoprotéine.

34. Mégacôlon
Le mégacôlon est une augmentation du calibre du côlon, contrairement au dolichocôlon qui correspond à une augmentation de sa longueur. Les deux peuvent s’associer dans le dolichomégacôlon.
Le mégacôlon acquis a les mêmes causes que le dolichocôlon acquis, et les mêmes conséquences sur le transit intestinal qui s’en trouve ralenti (constipation). La forme congénitale du mégacôlon est particulière, et porte le nom de maladie de Hirschprung, due à l’absence de plexus nerveux dans la paroi rectale. Le diagnostic se fait dans les premiers mois de la vie. Le traitement en  est chirurgical.
Le mégacôlon toxique est une forme compliquée particulièrement grave des MICI, notamment de la colite ulcéreuse.

35. Mégaœsophage
Le mégaœsophage est un trouble primitif de la motricité de l’œsophage qui aboutit à l’augmentation du diamètre de l’organe, par absence de péristaltisme de sac paroi, en rapport avec une relaxation incomplète du sphincter inférieur de l’œsophage (mécanisme appelé achalasie). Il porte également le nom de cardiospasme.

36. Méléna (melæna)
Méléna ou melæna, les deux orthographes sont valides pour désigner un symptôme digestif, à savoir l’évacuation par l’anus de sang digéré, noir et malodorant, accompagné ou non de l’émission de selles. Le méléna est le signe d’une hémorragie digestive « haute », en pratique d’origine gastro-intestinale, contrairement à la rectorragie qui signe l’existence d’une hémorragie digestive « basse ». Le méléna peut avoir été précédé, quelques heures auparavant, par une hématémèse (vomissement de sang).
La présence de sang dans les selles noires peut être confirmée par un test à l’eau oxygénée, pour s’assurer qu’il ne s’agit pas de selles rendues noires par l’absorption thérapeutique de fer (traitement martial) ou de charbon.

37. Mésentère – Mésentérique 
Le mésentère est un accolement de deux feuillets péritonéaux, autrement dit un « méso », dans lequel circule la vascularisation de l’intestin grêle : branches de l’artère mésentérique supérieure, veines et lymphatiques). Il est relié au péritoine postérieur par la racine du mésentère. Autrement dit, le mésentère est le méso de l’intestin grêle. Son équivalent au niveau du côlon s’appelle le mésocôlon, dans lequel circule la vascularisation colique.
Certains auteurs considèrent le mésentère comme un organe à part entière.
De ce terme dérive l’adjectif mésentérique, qui désigne tour ce qui est en rapport avec l’intestin : artère mésentérique, infarctus mésentérique…

38. Mésentère commun
Le mésentère commun est une anomalie de rotation de l’anse intestinale primitive lors du développement embryonnaire. Il peut être complet ou incomplet. Il est souvent asymptomatique, mais peut être la cause d’une occlusion intestinale chez le nouveau-né, ou plus tard dans la vie, sous forme d’un volvulus du grêle.

39. Mésocôlon
Le mésocôlon est le méso du côlon, de même que le mésentère est le méso de l’intestin grêle, à savoir un double feuillet péritonéal dans lequel circule la vascularisation du côlon. Chaque segment colique a son propre méso, dont l’un est particulier,  le mésocôlon transverse, car il divise la cavité péritonéale en deux étages, sus-mésocolique et sous-mésocolique ; l’estomac et le duodénum sont des organes sus-mésocoliques, l’intestin grêle est sous-mésocolique.

40. MICI
Les MICI sont les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, à savoir la maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique (RCH). Les deux maladies sont très proches, caractérisées par une inflammation chronique de la paroi du tube digestif. Dans la MC, tout le tube digestif peut être atteint ; dans la RCH, seul le côlon et le rectum sont concernés.

41. Mucosectomie
La mucosectomie (résection muqueuse) est une technique de résection endoscopique des polypes à large base d’implantation, les polypes dits sessiles. Les polypes pédiculés sont retirés par polypectomie. La mucosectomie est un geste qui peut se compliquer d’une perforation colique.

42. Mycose
Les mycoses digestives sont des affections du tube digestif provoquées par des champignons microscopiques pathogènes de la famille des levures, qui sont le plus souvent des Candida (Candida albicans), d’où le nom de candidose donné à ces maladies. Les mycoses digestives peuvent être déclenchées par l’usage des antibiotiques. Ce sont également des maladies opportunistes chez les immunodéprimés. Dans ce cas, elles peuvent dégénérer en mycose systémique.
La mycose buccale porte aussi le nom de « muguet », notamment chez le nourrisson.

N

43. Nausée
La nausée est un symptôme digestif qui précède et accompagne les vomissements. Dans la période post anesthésique, l’association de nausées et de vomissements devient un syndrome (nausées et vomissements postopératoires). La nausée est une sensation d’inconfort digestif, souvent accompagnée de contractions gastriques, qui peuvent être suivies de vomissements. On dit d’un patient nauséeux qu’il a la nausée, ou qu’il présente des nausées. La présence de nausée est typique du mal des transports (le mal de mer en particulier).

44. Néoplasie
La néoplasie est un mécanisme de néoformation tissulaire  aboutissant à la création d’un néoplasme, autrement dit d’un tissu de nature différente d’un tissu normal sur le plan fonctionnel et architectural. Bien que, théoriquement, ce tissu néoformé puisse être une tumeur bénigne, en pratique néoplasie et néoplasme sont des synonymes de cancer, souvent employés sous la forme abrégé de « néo » par le corps médical pour éviter d’employer le mot cancer.
Néoplasie donne naissance à l’adjectif paranéoplasique, qui qualifie un syndrome accompagnant l’existence d’une tumeur maligne, sans être en relation de proximité directe avec cette tumeur : syndrome paranéoplasique.

45. Niveau hydro-aérique
Un niveau hydro-aérique (NHA) est une image radiologique construite, visible notamment sur un cliché d’ASP (abdomen sans préparation). Comme son nom l’indique bien, il s’agit d’une image aérique surmontant une image hydrique, avec un niveau horizontal entre les deux images (c’est le principe du niveau de menuisier). Les niveaux hydro-aériques intestinaux s’expliquent par le fait que l’intestin, le grêle comme le côlon, contient à la fois de l’air et du liquide.
Un niveau hydro-aérique peut être physiologique, comme celui qui se trouve à la base de la poche à air gastrique, ou pathologique ; il traduit alors la présence d’une occlusion intestinale. La forme et la localisation des NHA permettent en théorie  de faire la différence entre occlusion du grêle et occlusion colique.

46. Nutriment
Les aliments contiennent deux catégories de nutriments : les macronutriments, autrement dit les glucides, les lipides et les protides, et les micronutriments que sont les minéraux, les oligo-éléments et les vitamines. 

47. Nutrition – Nutritionniste
La nutrition est l’ensemble des processus mis en œuvre par l’organisme pour la transformation des aliments en vue de leur utilisation métabolique. Quand les apports nutritifs sont déficients en qualité et/ou en quantité, on assiste à l’apparition  d’une malnutrition, voire d’une dénutrition.
L’ensemble de ces phénomènes est pris en charge par la spécialité médicale de nutrition. Les nutritionnistes sont donc des médecins, contrairement aux diététicien(ne)s, qui sont des paramédicaux.

O


48. Occlusion intestinale
Le terme d’occlusion désigne en principe l’obstruction d’une structure canalaire, le tube digestif dans le cas d’une occlusion intestinale. Le processus pathologique aboutit alors à l’arrêt du transit intestinal (« arrêt des matières et des gaz »). On parle également de syndrome occlusif en cas d’occlusion complète, et de subocclusion ou de syndrome subocclusif quand l’occlusion est incomplète.
Il existe de nombreuses causes d’occlusion intestinale, qui peuvent être ramenées à deux grands mécanismes : l’obstruction mécanique et la paralysie intestinale, qui est un processus fonctionnel. Dans ce dernier cas, on parle également d’iléus (paralytique) : l’iléus postopératoire est un très bon exemple d’iléus fonctionnel. L’obstruction mécanique peut relever de deux types de causes : une obstruction de la lumière intestinale (par un cancer colique notamment), ou un processus pariétal, comme dans la hernie étranglée ou l’occlusion sur bride.
On différencie également les occlusions du grêle et les occlusions coliques.
En présence d’une occlusion intestinale, le travail du clinicien va consister à faire le tri entre celles qui nécessitent une intervention en urgence, et celles dont on peut espérer qu’elles guériront sans intervention.

49. Œsophage
L’œsophage est un organe essentiellement thoracique qui appartient au tube digestif. Il fait suite au pharynx, et se termine dans l’estomac, au niveau du cardio, après avoir traversé le hiatus œsophagien. Les premiers centimètres de l’œsophage sont cervicaux, les derniers abdominaux, ce qui correspond à la division en trois segments : supérieur, moyen et inférieur.
Sa fonction est de transporter les aliments de la bouche vers l’estomac, grâce à son péristaltisme. Le sphincter inférieur de l’œsophage est censé assurer un flux unidirectionnel. Quand ce sphincter est incompétent, notamment en cas de hernie hiatale, on peut assister à un reflux gastro-œsophagien (RGO). La muqueuse de l’œsophage est un épithélium malpighien ; de ce fait, les cancers de l’œsophage sont des carcinomes épidermoïdes, sauf ceux qui se développent à proximité du cardia, qui peuvent être des adénocarcinomes.
Outre le cancer de l’œsophage, les différentes affections que l’on peut rencontrer à ce niveau sont, par ordre alphabétique : l’achalasie (ou cardiospasme, ou encore mégaœsophage), l’anneau de Schatzki, l’atrésie de l’œsophage, le diverticule de Zenker,  l’endobrachyœsophage (œsophage de Barrett), la hernie hiatale, la maladie des spasmes étagés, l’œsophagite, le reflux gastro-œsophagien, le syndrome de Mallory-Weiss, le syndrome de Plummer-Vinson, l’ulcère de l’œsophage,  les varices œsophagiennes.

50. Œsophage de Barrett (endobrachyœsophage) 
L’œsophage de Barrett, ou muqueuse de Barrett, ou encore endobrachyœsophage (EBO), est une métaplasie glandulaire (un changement de la nature histologique) de l’épithélium du bas œsophage, sous l’effet d’un reflux gastro-œsophagien chronique. Cette métaplasie est considérée comme un état précancéreux, le risque étant de voir se développer un cancer de type adénocarcinome (le cancer habituel de l’œsophage est un carcinome épidermoïde).

51. Œsophagite
Comme l’indique le suffixe « ite », l’œsophagite est une inflammation de l’œsophage, qu’elle soit aiguë ou chronique. En l’absence de traitement, l’œsophagite peut évoluer vers la sténose de l’œsophage.
Les causes d’œsophagite sont nombreuses, et l’on en peut identifier quelques-unes : l’œsophagite peptique est la plus fréquente, provoquée par le reflux gastro-œsophagien chronique (RGO) ; l’œsophagite caustique est due à l’ingestion de produits caustiques, parfois dans un but suicidaire ; l’œsophagite radique est la conséquence possible de l’irradiation de l’œsophage ; il existe également d’autres causes : oesophagite  infectieuses (candidose), inflammatoires, immunoallergiques (œsophagite à éosinophiles).

52. Ogilvie (Syndrome)
Le syndrome d’Ogilvie est également appelé colectasie aiguë idiopathique, ou encore pseudo-obstruction colique aiguë. C’est une dilatation aiguë du côlon, qui peut évoluer, en l’absence de traitement, vers la perforation du cæcum, segment au niveau duquel la dilatation est maximale.
Le syndrome d’Ogilvie survient chez des patients fragiles, âgés, souffrant de pathologies médicales ou chirurgicales sévères.
Le traitement repose sur la colo-aspiration, et sur la chirurgie en cas d’échec.

P

53. Pancréas
Le pancréas est une glande annexée au tube digestif,  qui a la particularité d’être amphicrine, c’est-à-dire à la fois endocrine et exocrine.
Anatomiquement, le pancréas est un organe rétro-péritonéal profond, situé derrière l’estomac et devant le rachis (les deux premières vertèbres lombaires). On lui décrit trois parties, la tête, le corps et la queue. La tête est insérée de manière indissociable dans le duodénum (pour faire l’exérèse de la tête, il faut réséquer en même temps le duodénum) ; le corps est médian ; la queue est attenante à la rate.
Le pancréas possède deux canaux excréteurs pour la sécrétion exocrine : le canal de Wirsung est le canal principal, qui se déverse dans le deuxième duodénum au niveau de la grande caroncule ; le canal accessoire est le canal de Santorini, qui se jette un peu plus bas, au niveau de la petite caroncule.
Le pancréas est traversé, au niveau de la tête, par le canal cholédoque, qui se réunit à l’extrémité distale du canal de Wirsung pour former l’ampoule de Vater (ampoule hépatobiliaire) équipée du sphincter d’Oddi.
La sécrétion exocrine, qui se déverse dans le duodénum via les deux canaux excréteurs, sert à la digestion. Le suc pancréatique contient des bicarbonates et de nombreuses enzymes, dont l’amylase et la lipase. La sécrétion endocrine est faite de plusieurs hormones : le glucagon, l’insuline, le polypeptide pancréatique et la somatostatine. Le glucagon et l’insuline participent à la régulation de la glycémie : le glucagon accélère la glycogénolyse, ce qui augmente la glycémie ; l’insuline favorise la glycogénogenèse, ce qui diminue la glycémie.  Ces deux hormones sont sécrétées par les îlots de Langerhans : cellules alpha pour le glucagon, et béta pour l’insuline. Les deux autres hormones pancréatiques sont sécrétées par d’autres cellules spécialisées des îlots de Langerhans.
Les affections les plus fréquentes du pancréas sont la pancréatite, aigüe ou chronique, et le cancer du pancréas, de pronostic particulièrement sombre.
Il est possible d’enlever tout ou partie du pancréas : splénopancréatectomie gauche pour l’exérèse distale, duodénopancréatectomie céphalique (DPC) pour l’exérèse proximale, pancréatectomie totale. A l’inverse, on peut procéder à la greffe de pancréas pour traiter certains diabètes sévères de type 1 (diabète insulinorequérant).

54. Pancréatite
La pancréatite est une inflammation du pancréas. Elle peut être aiguë, le plus souvent, ou passer à la chronicité. La pancréatite aiguë guérit le plus souvent, mais avec des récidives possibles ; cependant il est des formes graves de pancréatite aiguë (20% des cas environ) qui peuvent se compliquer de saignement, de coulées de nécrose, d’infection ,  voire aboutir au décès du patient (pancréatite nécrosante) ; la pancréatite chronique est un état stable, qui ne guérit pas, mais dont l’évolution peut être stoppée si l’agent causal n’est plus présent, comme la consommation d’alcool dans la pancréatite chronique alcoolique. On observe fréquemment dans la pancréatite chronique des lésions kystiques appelés « faux kystes » du pancréas.
Les causes les plus fréquentes de la pancréatite aiguë sont l’alcoolisme, la migration de calculs vésiculaires (pancréatite lithiasique), certains médicaments, l’hypertriglycéridémie. Mais dans un certain nombre de cas, aucune cause n’est retrouvée (pancréatite idiopathique). La principale cause de la pancréatite chronique reste l’alcoolisme.
 
55. Péristaltisme
Le tube digestif, depuis le pharynx jusqu’à l’anus, est une succession d’organes creux dont la paroi comprend une tunique musculaire (la musculeuse), faite de deux couches de fibres musculaires lisses, donc à fonctionnement automatique, indépendant de la volonté.
Ces fibres musculaires sont responsables de deux types de mouvements : la segmentation, qui brasse le bol alimentaire, et la propulsion, qui pousse le bol alimentaire de l’entrée (la bouche) vers la sortie (l’anus). Ce sont ces mouvements propulsifs que l’on appelle le péristaltisme intestinal. Il est normalement silencieux, et l’on n’a pas conscience de sa présence. A l’auscultation de l’abdomen, il se traduit par des « bruits hydro-aériques ». Mais, chez certaines personnes, il peut être responsable de manifestations plus ou moins bruyantes (borborygmes), et plus ou moins désagréables, voire douloureuses (crampes, ballonnement, etc…). Ce péristaltisme douloureux explique en partie le syndrome des troubles fonctionnels intestinaux.
Le péristaltisme ne fonctionne normalement que dans un sens, de haut en bas, mais peut parfois fonctionner à l’envers. C’est cet antipéristaltisme qui est responsable des régurgitations, des vomissements et du reflux gastro-œsophagien. Le péristaltisme peut aussi être absent, dans l’iléus fonctionnel ou dans l’occlusion intestinale, avec disparition des bruits hydro-aériques.
D’autres organes, comme les trompes de Fallope ou les uretères, sont doués de péristaltisme.

56. Péritoine
Le péritoine est une membrane séreuse, c’est-à-dire formée d’une seule couche de cellules épithéliales, qui tapisse les parois de l’abdomen (péritoine pariétal) et celle de la plupart des viscères (péritoine viscéral). Le péritoine limite la cavité péritonéale, cavité virtuelle puisque totalement remplie par les viscères,  mais que l’on peut rendre réelle en la remplissant de gaz, dans la technique de la cœlioscopie. Les viscères qu’elle contient sont intrapéritonéaux, comme les organes qui constituent le tube digestif ou le foie ; ceux qui n’en font pas partie sont des organes rétropéritonéaux, comme le pancréas ou les reins, ou souspéritonéaux comme la vessie. Certains organes ne sont que partiellement recouverts de péritoine, comme le rectum (son tiers supérieur est intrapéritonéal, le reste est souspéritonéal).
Le péritoine possède des extensions qui vont aux organes du tube digestif : le mésentère pour l’intestin grêle, le mésocôlon pour les différentes parties du côlon (mésocôlon transverse, mésosigmoïde). Il comporte également une annexe appelée tablier épiploïque ou grand épiploon (grand omentum dans la nomenclature anatomique internationale).
L’inflammation du péritoine est une péritonite ; son envahissement par un processus cancéreux une carcinose péritonéale. L’ascite désigne la présence d’un épanchement séreux dans la cavité péritonéale, tel qu’on peut l’observer dans certaines affections comme la cirrhose. La présence d’air intrapéritonéal est un pneumopéritoine, celle de sang un hémopéritoine, et celle de bile un cholépéritoine.
Le péritoine est doué de grandes capacités de résorption, utilisées dans la dialyse péritonéale.

57. Péritonite
La péritonite est une inflammation aiguë du péritoine, de nature le plus souvent infectieuse. Sa  présentation clinique donne lieu à un « syndrome péritonéal », avec, dans les cas typiques, une « contracture » abdominale, appelée parfois « ventre de bois ». Son évolution est variable, mais elle reste une affection grave, parfois mortelle.
 En fonction du mécanisme de contamination de la cavité péritonéale, de la localisation du processus et de sa cause, on décrit plusieurs types de péritonite.
1. En fonction du mécanisme : l’infection de la cavité péritonéale peut être secondaire à la diffusion d’un abcès localisé : péritonite par diffusion, comme on l’observe dans la péritonite appendiculaire ; elle peut être provoquée par la perforation d’un organe creux : péritonite par perforation, comme dans la perforation d’ulcère duodénal. Dans le second cas, il existe un pneumopéritoine qui atteste de la perforation d’un organe contenant de l’air (un « organe creux »).
2. En fonction de la localisation : la péritonite peut être localisée ou généralisée. La péritonite localisée se situe autour du foyer infectieux initial, appendicite ou cholécystite notamment, et se traduit par l’existence de « fausses membranes ». La péritonite localisée autour du foie est une « périhépatite ». La péritonite localisée au pelvis, souvent d’origine gynécologique (salpingite), est une « pelvipéritonite ». La péritonite généralisée atteint toute la cavité péritonéale, avec ou sans pus (péritonite purulente), mais toujours avec des « fausses membranes ».
3. En fonction de la cause : la péritonite est parfois primitive, comme dans l’ascite infectée, mais elle est le plus souvent secondaire à une appendicite aiguë (péritonite appendiculaire), à la perforation d’un ulcère gastrique ou duodénal, ou encore  d’un diverticule sigmoïdien ; la péritonite biliaire correspond à un cholépéritoine infecté (présence de bile dans la cavité péritonéale).

58. Pneumopéritoine
Un pneumopéritoine se définit comme la présence d’air dans la cavité péritonéale, ce qui exclut le gaz présent dans le tube digestif.
La constatation d’un pneumopéritoine dans les premiers jours qui suivent une intervention ayant porté sur la cavité péritonéale est normale, que l’intervention ait été menée par laparotomie ou par cœlioscopie. Sinon, le pneumopéritoine signe la perforation d’un organe creux, et fait partie des signes d’imagerie recherchés devant un syndrome péritonéal. En position debout, le pneumopéritoine se localise sous les coupoles diaphragmatiques, donnant l’aspect classique de « croissant gazeux » entre le bord supérieur du foie et la face inférieure du diaphragme  sur un cliché d’abdomen sans préparation (ASP).
Quand un organe creux rétropéritonéal se perfore, l’air se localise dans l’espace rétropéritonéal, donnant lieu à un rétropneumopéritoine.
Il existe de faux aspects de pneumopéritoine, notamment dans la pneumatose kystique, affection caractérisée par la présence de kystes gazeux touchant la paroi du grêle ou du côlon,  ou encore dans le syndrome de Chilaïditi, ou interposition interhépatodiaphragmatique  du côlon droit.

59. Polype
Le terme « polype » correspond à un aspect morphologique et non pas à une description anatomo-pathologique : c’est une excroissance qui se développe sur une muqueuse, visible à l’œil nu en endoscopie. Selon leur aspect morphologique, on décrit des polypes « sessiles », à large base d’implantation, et des polypes « pédiculés », munis d’un pied. Sur le plan anatomo-pathologique, les polypes sont habituellement des adénomes, autrement dit des tumeurs bénignes développées sur une muqueuse glandulaire ;  mais ils peuvent faire l’objet d’une dégénérescence cancéreuse ; l’adénome dégénéré devient alors un adénocarcinome.
Les polypes se développent préférentiellement aux dépends de la muqueuse colique ou rectale. Ces polypes, très fréquents, font le lit du cancer colorectal et doivent donc faire l’objet d’un dépistage de masse : l’ablation des polypes au fur et à mesure qu’ils apparaissent permet d’éviter la transformation en cancer colorectal (dépistage à visée prophylactique). L’ablation d’un polype pédiculé, qui se fait par voie endoscopique (coloscopie) si la taille de la lésion le permet, est une polypectomie. L’ablation d’un polype sessile est une mucosectomie. Les polypes les plus volumineux font l’objet d’une colectomie segmentaire.
Pour ce qui concerne le nombre de polypes présents, la plupart du temps ils sont peu nombreux, voire uniques (polype solitaire) ; mais ils peuvent être très nombreux, et même innombrables : il s’agit alors d’une polypose.
Les polyposes intestinales sont soit héréditaires (polyposes familiales dont il existe plusieurs variétés, la plupart affublées d’un nom propre comme le syndrome de Peutz-Jeghers), soit non héréditaires (comme le syndrome de Cronkhite-Canada).
Le substantif « polype » est à l’origine de deux adjectifs dérivés : « polypeux », qui se rapporte au polype (tumeur polypeuse), et « polypoïde », qui a l’allure d’un polype (lésion polypoïde).

60. Polypectomie
Les polypes du côlon et du rectum fait le lit du cancer colorectal, et doivent donc faire l’objet d’une exérèse. Celle-ci peut se faire de trois façons : les polypes pédiculés sont retirés lors d’une coloscopie : c’est la polypectomie endoscopique, geste le plus fréquent. Les polypes sessiles, à large base d’implantation, ne sont pas accessibles à la polypectomie, et peuvent être réséqués par mucosectomie endoscopique. Les gros polypes relèvent de la chirurgie : colectomie segmentaire.

61. Proctalgie
Proctalgie désigne une douleur anorectale. C’est un des symptômes les plus fréquents en proctologie.

62. Proctectomie
La proctectomie est l’ablation chirurgicale complète du rectum, préservant l’anus. Elle peut être terminée idéalement par une anastomose colo-anale ou, à défaut, par une colostomie (anus artificiel) temporaire ou définitive.
Elle s’oppose à l’amputation abdominopérinéale du rectum, qui  comprend l’exérèse de l’anus, et oblige donc à la réalisation d’une colostomie définitive.
Proctectomie et amputation du rectum sont des interventions réalisées essentiellement dans le traitement du cancer rectal.

63. Proctologie
La proctologie est une discipline médico-chirurgicale (mais pas une spécialité à part entière), qui traite des maladies du rectum et de l’anus. Le mot grec prôktos signifie en effet anus. La proctologie est la plupart du temps exercée par des gastro-entérologues, soit dans le cadre de leur spécialité, soit à titre exclusif. Certains gastro-entérologues réalisent eux-mêmes leurs interventions chirurgicales, mais la plupart confient leurs patients au chirurgien viscéral. Certains de ces derniers peuvent aussi se consacrer exclusivement à la proctologie.

64. Prothèse
Prothèse est un mot fourre-tout, dont l’utilisation en pathologie digestive se limite aux prothèses pariétales utilisées par les chirurgiens viscéraux pour traiter les hernies (hernioplastie) et les éventrations, et aux endoprothèses implantées dans un organe creux sténosé : œsophage, duodénum, côlon, canal cholédoque. Ces endoprothèses sont posées par voie endoscopique, et ont une durée de vie limitée. Si le problème qui a justifié sa mise en place n’est pas réglé, l’endoprothèse devra être changée régulièrement.

65. Pseudo-obstruction colique
Pseudo-obstruction colique est une des dénominations du syndrome d’Ogilvie (voir ce mot).

66. Pyléphlébite
La pyléphlébite désigne une thrombose de la veine porte. On l’appelle également thrombose portale. La veine porte amène au foie le sang veineux en provenance de l’intestin. Elle est constituée par la réunion de trois veines (veines mésentériques supérieure  et inférieure, veine splénique), et se divise en deux branches, l’une pour le foie droit, l’autre pour le foie gauche. Après passage hépatique, le sang veineux rejoint la veine cave par l’intermédiaire des veines sus-hépatiques.
La thrombose portale peut être aiguë, parfois d’origine septique ; ou chronique, avec constitution d’un cavernome portal.

67. Pyrosis
Le pyrosis est un symptôme subjectif, décrit comme une sensation de brûlure rétro-sternale ascendante, qui part du creux épigastrique, remonte vers la bouche et se termine par la régurgitation d’un peu de liquide acide dans celle-ci, pouvant s’accompagner de vomissement. Dans le langage courant, on parle de « remontées acides ». Le pyrosis est spécifique du reflux gastro-œsophagien.

Article publié le 10 juillet 2017

 


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