« Adhérences » et « brides » se forment dans la cavité péritonéale, et peuvent causer de nombreux problèmes, jusqu’à l’occlusion « sur bride ».
Mais ces deux sont mots particulièrement difficiles à comprendre pour nombre de patients. « Adhérences » veut dire tout bêtement que « cela adhère ». A priori, pas de confusion possible. Et pourtant…
Un peu d’anatomie
De quoi s’agit-il ? Une petite explication anatomique préalable est nécessaire. Dans un abdomen vierge de toute intervention, les organes sont mobiles les uns par rapport aux autres, ainsi que par rapport à la paroi abdominale. Les viscères sont tapissés d’une membrane que l’on appelle le « péritoine ». Ce péritoine tapisse également la face interne de la paroi abdominale, définissant la « cavité péritonéale ». Il y a donc un péritoine « viscéral » et un péritoine « pariétal ».
Il y a « adhérences » lorsque deux surfaces péritonéales s’accolent
On parle d’adhérences viscérales lorsque les viscères s’accolent les uns aux autres et d’adhérences viscéro-pariétales quand les viscères adhèrent à la paroi. Ces adhérences surviennent dans deux circonstances : soit après une intervention qui a ouvert, si peu que ce soit, la cavité péritonéale : une simple appendicectomie suffit ; soit d’une fait d’une inflammation du péritoine, comme lors d’une cholécystite. Les adhérences forment en général des voiles plus ou moins serrés, mais peuvent se présenter comme des cordes, que l’on appelle alors des « brides ».
Quelles sont les conséquences de la présence de ces brides et adhérences ?
Elles peuvent être responsables de douleurs abdominales chroniques, et posent alors un difficile problème de prise en charge ; en effet elles ne sont pas visibles par l’imagerie, et seule une nouvelle intervention, habituellement menée par coelioscopie, pourra les mettre en évidence et les traiter, au risque que cette nouvelle effraction de la cavité péritonéale n’en crée de nouvelles.
Elles peuvent aussi gêner considérablement une nouvelle intervention, surtout quand celle-ci est menée par coelioscopie. En effet, dans une cavité péritonéale vierge, la caméra et les instruments pénètrent sans difficultés, alors que leur progression peut être considérablement gênée par les adhérences.
L’occlusion sur bride
Enfin, et c’est la conséquence la plus grave, ces brides et adhérences peuvent être responsables d’une occlusion, au point qu’il s’agit de la cause la plus fréquente d’occlusion. L’appendicectomie étant l’intervention abdominale la plus fréquemment réalisée, c’est elle qui génère le plus d’occlusions « sur bride », et cela même si l’appendicectomie date de plus de 50 ans.
Adhésiolyse et viscérolyse
Quand on sectionne des brides ou des adhérences, on fait ce qu’il est convenu d’appeler une « adhésiolyse » ou une « viscérolyse ». Ces gestes peuvent être réalisés par voie ouverte, mais gagnent à l’être par voie coelioscopique.
Pour une raison qui reste pour moi mystérieuse, le mot « adhérences » est souvent utilisé par les patients en connotation avec le cancer. Une question rituelle, posée au chirurgien par l’entourage d’un patient qu’il vient d’opérer d’un cancer est : « est-ce qu’il y avait des adhérences ? », ce qui, dans l’esprit de celui qui pose la question, signifie « la lésion avait-elle déjà des ramifications ? ». C’est pourquoi il me semble qu’il faut toujours faire preuve de prudence verbale quand on parle « d’adhérences » : c’est un mot qui peut être stressant quand il est mal compris.
Article publié le 4 décembre 2017