L’adjectif « ambulatoire » n’a pas la même signification selon qu’il est accolé au substantif « chirurgie » ou à celui de « médecine ».
L’adjectif « ambulatoire » dérive d’un verbe qui n’est plus guère employé : « ambuler » (du latin ambulare) ; on l’a remplacé par « déambuler » (du latin deambulare). A partir du verbe ambuler, on obtient ambulant, ambulance et ambulatoire, qui nous occupe ici ; déambuler est à l’origine du mot déambulateur appareil qui apporte une aide à la marche pour les personnes âgées ou souffrant de troubles de l’équilibre.
Médecine ambulatoire
La médecine ambulatoire, c’est la médecine non hospitalière, autrement dit la « médecine de ville », au sens large du terme : soins médicaux (généralistes et spécialistes), dentaires, infirmiers, de rééducation, etc… Il est amusant de constater que l’on parle de médecine de ville même en milieu rural, de sorte qu’un médecin de campagne, espèce en voie de disparition, à protéger d’urgence, fait de la médecine de ville, étrange paradoxe sémantique.
Chirurgie ambulatoire
La chirurgie ambulatoire, c'est tout autre chose: il s'agit d'une modalité d’hospitalisation qui concerne les actes chirurgicaux effectués lors d’un séjour de moins de 12 heures, que ce soit dans le public (c’est-à-dire à l’hôpital) ou le privé (en clinique). Autrement dit, le patient est hospitalisé pour son intervention, mais ne passe pas la nuit dans la structure, ni la veille, ni le jour de l’intervention.
Il faut savoir que la définition de la modalité ambulatoire varie d’un pays à l’autre ; par exemple, aux Etats-Unis, une hospitalisation de 23 heures, comportant la nuit postopératoire, est considérée comme ambulatoire.
Dans la chirurgie ambulatoire, c’est le patient qui est ambulatoire, et non pas le geste effectué, qui n’est pas différent de celui réalisé en hospitalisation classique.
La chirurgie ambulatoire a été rendue possible grâce à la modification des pratiques péri opératoires, ce qui a permis d’accélérer la réhabilitation postopératoire des opérés, dans toutes les disciplines chirurgicales. Dans un premier temps, on a réduit la durée moyenne de séjour (« hospitalisation de courte durée »), pour aboutir, dans un second temps, à la chirurgie ambulatoire.
Ce processus d’accélération porte différents noms : « réhabilitation améliorée », « réhabilitation précoce », « récupération rapide ».
Si cette problématique vous intéresse, vous pouvez vous rendre sur le site de l’association « GRACE »: www.grace-asso.fr.
Réglementation et structures dédiées
Sur un plan réglementaire, la chirurgie ambulatoire doit se pratiquer dans des structures dédiées à cette activité. Dans le cas contraire (chirurgie réalisée en ambulatoire dans une structure d’hospitalisation classique), on parle de « chirurgie foraine », trouvaille sémantique de la « tutelle » que je trouve particulièrement savoureuse.
Précisons que la chirurgie ambulatoire est l’avenir de la chirurgie : environ 50% des actes chirurgicaux sont réalisables actuellement en ambulatoire, et probablement 80% dans les années à venir. Il est bien loin le temps où, pour une banale opération de l’appendicite (appendicectomie), on restait hospitalisé(e) au moins cinq jours.
Article publié le 25 novembre 2013