On dépiste une maladie qui existe déjà, alors qu’on essaye d’éviter cette maladie par la prévention ou la prophylaxie.
« Prophylaxie » vient du grec prophulassein, qui veut dire « garantir ».
Le substantif prophylaxie donne naissance à l’adjectif prophylactique.
En fait, ces deux termes ne sont rien d’autre que des synonymes savants pour dire prévention et préventif.
On peut adjoindre à prophylaxie un préfixe qui en détermine le champ d’action : l’antibioprophylaxie, c’est la prévention de certaines infections par un usage raisonné et protocolisé des antibiotiques ; la thromboprophylaxie, c’est l’ensemble des mesures destinées à prévenir l’apparition de la maladie thrombo embolique, dans les situations à risque.
Prévention du risque
La prévention est nécessaire chaque fois qu’un risque existe à un niveau fort, et que l’on peut mettre en place des mesures destinées à limiter le risque d’apparition du phénomène redouté : arrêter de fumer est une bonne mesure pour diminuer le risque de voir apparaître un cancer du poumon : c’est une mesure prophylactique.
Dépistage précoce
A l’inverse, on parle de dépistage lorsqu’il s’agit, non pas de prévenir l’apparition d’un phénomène redouté, mais de diagnostiquer précocement une maladie dont le risque de survenue est suffisamment élevé : on organise des campagnes de dépistage de masse du cancer du sein pour trois raisons : c’est un cancer fréquent ; il existe un moyen simple et efficace de diagnostic (la mammographie) ; le pronostic est bien meilleur quand ce cancer est traité à un stade précoce. Mais il est clair que le dépistage du cancer du sein ne permet pas de prévenir son apparition ; il permet d’en augmenter les chances de guérison, ce qui n’est pas rien.
En revanche, pour le dépistage du cancer colorectal, il s’agit autant de prophylaxie que de dépistage : en effet, les campagnes de dépistage servent à rechercher des polypes coliques, dont on sait qu’ils se transformeront en cancer : en dépistant les polypes du colon et du rectum, on prévient donc, dans une grande mesure, l’apparition d’un cancer du colon ou du rectum.
Test génétique et médecine prédictive
Un exemple récent pris dans l’actualité « people » permettra de mieux comprendre la différence entre prévention et dépistage : il s’agit du cas très médiatisé d’Angelina Jolie. Sa mère est morte jeune d’un cancer du sein ; elle a donc elle-même un risque élevé d’avoir un jour un cancer du sein. Elle a fait un test génétique qui a permis de découvrir qu’elle est porteuse d’une mutation génétique qui rend ce risque extrêmement élevé, proche de 100%. Ce test génétique correspond à un dépistage : il s’agissait de savoir si elle était porteuse ou non de cette mutation génétique. Le dépistage étant positif, elle avait le choix entre deux attitudes recommandées : se faire suivre de très près, pour diagnostiquer le plus précocement possible un cancer du sein ; on reste dans le dépistage ; ou se faire enlever les deux seins, solution qu’elle a choisie, et qui correspond à une prophylaxie, certes très lourde, mais particulièrement efficace, puisqu’elle échapperait ainsi, avec une quasi certitude, au risque d’avoir un jour un cancer du sein.
Cet exemple illustre ce que pourrait être la médecine du futur, essentiellement prédictive : la génétique permettra de connaître le risque de chacun de développer telle ou telle maladie ; à chacun d’agir alors de manière personnalisée. Cela fait quand même un peu froid dans le dos…
Prophylactique et curatif
Nous venons de voir comment prophylaxie s’oppose à dépistage. Mais prophylactique s’oppose également à curatif : dans le premier cas, on essaie de prévenir l’apparition d’une maladie ; dans le second, on cherche à guérir cette maladie quand elle s’est déclarée : on peut utiliser les antibiotiques dans un but préventif : c’est l’antibioprophylaxie, ou dans un but curatif, en cas d’infection déclarée : c’est l’antibiothérapie.
Article publié le 20 novembre 2017