L’expert fait profiter les autres de son expertise, enrichie par son expérience.
La médecine a besoin d’experts, qui font partager leur expérience et leur expertise.
Expert et expertise
Dans un premier sens, un expert c’est quelqu’un de particulièrement pointu dans son domaine, et qui est reconnu comme tel par tout le monde, si l’on excepte les fameux « experts auto proclamés », qui sont bien les seuls à se considérer comme des experts.
Mais un expert, c’est aussi quelqu’un qui réalise des expertises, comme, par exemple, pour les assurances en cas de sinistre.
Expérience, expertise, savoir et savoir-faire
Le mot expérience a également deux sens dans la vie de tous les jours : en premier lieu, c’est le savoir ou le savoir-faire accumulés avec les années. On rapporte que Confucius disait à ses disciples : « l’expérience, c’est une lanterne accrochée dans le dos, qui n’éclaire que le chemin parcouru ». Il voulait par là leur expliquer que, malheureusement, l’expérience des erreurs passées n’empêche pas de les reproduire à la première occasion. Lorsque que quelqu’un « a de l’expérience », on dit qu’il est « expérimenté », alors que, pour un expert, on dira qu’il fait bénéficier les autres de son « expertise ».
En médecine, c'est exactement la même chose: les hyper spécialistes, dont la communauté médicale reconnaît les compétences dans un domaine précis, sont des experts, qui fait profiter les autres de leur expertise.
Le « patient-expert »
Le patient expert est un individu atteint d’une pathologie chronique, qui en a acquis une connaissance fine lui permettant de vivre avec elle du mieux qu’il est possible. Il devient ainsi un acteur de sa santé, mais peut aussi intervenir comme « personne ressource » pour les patients que l’on pourrait qualifier de « débutants » dans la même maladie chronique.
Expérimentation
Le second sens d’expérience, c’est expérimentation et il s’applique en général à la science. On parle d’expérience scientifique lorsque l’on cherche à valider des hypothèses de travail. Le chercheur qui réalise une expérience scientifique est un expérimentateur.
Expertise médicale comme spécialité
Mais un expert, c’est aussi un médecin qui a fait une spécialité dite d’expertise médicale. Il peut alors expertiser dans le domaine de la réparation du préjudice, ou être expert judiciaire auprès des tribunaux, à qui un juge va demander un rapport d'expertise en cas de plainte d’un patient, au civil ou au pénal. Il est paradoxal de noter que ce type d’expert n’est pas nécessairement quelqu’un de très pointu dans sa spécialité : les experts dans le second sens du terme ne le sont pas tous dans la première acception, loin de là ! (en clair, on peut être un bon expert en chirurgie et un mauvais chirurgien !).
Lors d’une expertise médicale, l’expert qui mène l’expertise peut se faire aider ponctuellement par d’autres experts, qui interviennent chacun en tant que « sachant », mot qui sonne un peu archaïque, comme bien des mots du langage juridique ! Dans cette fonction d’appoint, l’expert est désigné par le vocable de « sapiteur » (du latin sapere, connaître).
Expert-visiteur
La Haute Autorité de Santé (HAS) pilote la certification obligatoire des établissements de santé ; pour cela, elle délègue dans chaque établissement une équipe d’experts dits experts-visiteurs. Elle est composée au minimum d’un médecin, d’un soignant et d’un administratif. Leur mission est d’expertiser l’établissement en vue de sa certification, indispensable à la poursuite de son activité.
Essais cliniques et recherche clinique
La Médecine n’est pas une « science dure », comme la physique ou la chimie. Les médecins font avancer leur discipline en réalisant non pas des expériences à proprement parler, mais des « essais cliniques », dans le cadre de ce que l’on appelle la « recherche clinique ».
Expérience et médecine factuelle
Enfin, à l’époque de la « médecine factuelle » triomphante (la médecine fondée sur les preuves), il est devenu tout à fait ringard pour un médecin de prononcer cette phrase autrefois rituelle, et qui valait parole d’Evangile quand c’était un « grand patron » qui l’énonçait à l’intention de ses élèves : «d’après mon expérience, je peux affirmer que… » Dans les années 80, quand j’étais un jeune chirurgien, ce genre d’affirmation péremptoire était encore fréquemment entendu et écouté. Autres temps…
Mais il n’en reste pas moins que les patients feront toujours plus volontiers confiance à un médecin « qui a de l’expérience».
Article publié le 27 mars 2017