Comme tous les langages techniques, le langage médical est un gros consommateur d’abréviations, de sigles et d’acronymes.
On peut identifier deux sortes d’abréviations ; soit un mot un peu long que l’on raccourcit, en général en supprimant la fin ; soit un mot créé par la juxtaposition de la première lettre (l’initiale) de chaque mot formant une expression qui serait trop longue à énoncer.
Acronymes et sigles
Quand le nouveau mot se prononce lettre par lettre, il s’agit d’un sigle ; chaque lettre est écrite en majuscule. En voici deux exemples courants : le VIH est le Virus de l’Immunodéficience Humaine ; une IRM est une Imagerie par Résonnance Magnétique.
Quand le mot ainsi créé se prononce de manière syllabique, formant un véritable mot, il s’agit d’un acronyme : Sida ou Laser sont des acronymes (cf. infra).
Il faut noter que chaque discipline médicale a ses propres abréviations, et qu’il arrive que deux spécialités utilisent les mêmes sigles avec un sens totalement différent ; ainsi une IVG sera, pour un gynécologue une Interruption Volontaire de Grossesse, et pour un cardiologue une Insuffisance Ventriculaire Gauche. Mais il arrive aussi que certaines spécialités usent d’abréviations qui ne sont connues que dans leur spécialité.
Tout cela peut être source de confusions parfois fâcheuses ou d’incompréhension.
Mots abrégés
En dehors des sigles et acronymes, on utilise donc fréquemment des formes abrégées de mots du vocabulaire médical courant, comme « app » pour appendicite, « cardio » pour cardiologue ou cardiologie, « cœlio » pour cœlioscopie,, « écho » pour échographie, « néo » pour néoplasme (synonyme de cancer), « réa » pour réanimation ou réanimateur, « scan » pour scanner, etc… Ici, plus de majuscules. Les formes abrégées sont beaucoup plus souvent employées que les mots complets, mais uniquement dans le langage parlé, jamais à l’écrit.
On aura noté que le verbe qui est dérivé du mot abréviation est abréger, qui donne abrégé au participe passé.
Acronymes
Dans un acronyme, les lettres qui le forment se prononcent de manière syllabique, comme dans SIDA (Syndrome de l’Immuno Déficience Acquise) ou LASER (Ligth Amplification by Stimulated Emission of Radiation). L’usage veut cependant que l’on écrive « laser », sans majuscule, comme s’il s’agissait d’un substantif banal et non d’un acronyme, tout comme pour le mot radar, dont plus personne ne sait que c’est l’acronyme de Radio Detection And Ranging.
Cela dit, on entend de plus souvent parler d’acronyme pour toutes les abréviations, même quand le mot ne se prononce pas de manière syllabique, comme VIH.
Genre et ordre des lettres
Vous noterez que le genre d’une abréviation ou d’un acronyme est en règle générale celui du premier mot (un virus dans VIH, une imagerie dans IRM). Et pourtant, on a parfois tendance à utiliser le genre qui semble le mieux correspondre à la sonorité du mot ainsi abrégé : EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) est masculin (c’est un établissement), mais souvent pris pour un mot féminin, car les substantifs se terminant par la syllabe « ade » sont toujours féminins (boutade, galéjade, moutarde…). Cependant, on dit « un » laser, alors que tout les mots qui composent l’acronyme sont féminins (du moins en français, puisqu’ils sont neutres en anglais). Une explication me semble possible : laser est utilisé comme abréviation de rayon laser, donc au masculin.
Par ailleurs, en anglais, l’ordre des lettres n’est pas le même qu’en français (SIDA devient AIDS ; VIH se traduit par HIV), à moins que les lettres ne changent partiellement ou totalement (l’OMS, Organisation Mondiale de la Santé, devient WHO, pour World Health Organization).
Article publié le 14 avril 2014