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Auto médication / Médication

Médication est un terme vieilli, plus guère usité, contrairement à automédication, dont on a du mal à savoir si c’est une bonne ou une mauvaise chose, tant il y a de façons d’y recourir.


Le fait de se soigner tout seul, sans l’aide d’un médecin, semble anodin à beaucoup d’entre nous. Et 85% des Français reconnaissent avoir recours à l’automédication. Mais même des médicaments très utilisés, comme le paracétamol (qui est un antalgique), peuvent s’avérer très dangereux si la posologie n’est pas respectée. Cependant, l’automédication est très encouragée en Europe. Mais la France semble à la traîne.


Médication

Médication est un vocable désuet, qui peut se définir comme un moyen de traiter certains troubles médicaux, et, par métonymie, comme un synonyme de médicament, comme dans l’expression « médication amère ». Si l’on veut utiliser cette expression au sens figuré, on parlera plus volontiers de « potion amère ». Dans le langage actuel, on parle plutôt de traitement, de thérapeutique ou encore de thérapie (en principe non médicamenteuse) pour la première acception, et de médicament ou de traitement médicamenteux pour la seconde. En réalité, ce mot n’a guère d’intérêt que parce que l’on a construit à partir de lui le terme d’automédication, qui représente une réalité de plus en plus présente et prégnante. Cependant, le site « ameli.fr pour les pharmaciens » explique dans le détail la notion de « bilan partagé de médication », remettant le vocable médication au goût du jour.

Automédication : une définition

L'automédication a été définie en France par le Conseil de l’Ordre des Médecins comme « l’utilisation, hors prescription médicale, par des personnes pour elles-mêmes ou pour leurs proches et de leur propre initiative, de médicaments considérés comme tels et ayant reçu l’AMM, avec la possibilité d’assistance et de conseils de la part des pharmaciens »[]. AMM signifie Autorisation de Mise sur le Marché, sésame indispensable à la commercialisation d’un médicament.

Cette automédication peut prendre au moins deux formes, décrites dans la définition ci-dessus : une forme encadrée par les pharmaciens d’officine, garantissant la sécurité de la délivrance du médicament, ou une automédication « sauvage », qui utilise soit des produits que tout un chacun peut stocker dans son armoire à pharmacie, et dont certains peuvent être périmés, soit des médicaments achetés sur Internet. Les pouvoirs publics cherchent à faire la promotion de la première attitude, car sûre et permettant de faire des économies dans les dépenses de santé. La seconde doit être combattue, car dangereuse puisque non encadrée.

L’automédication ne concerne, par définition, que des médicaments. Les compléments alimentaires et autres « alicaments » sont hors sujet (un alicament est un aliment auquel on prête des effets bénéfiques sur la santé).

 Traitement symptomatique et traitement étiologique

En principe, l’automédication est réservée au traitement des symptômes bénins, notamment des douleurs, des troubles digestifs (diarrhée ou constipation, nausées ou vomissements, remontées acides), etc. En clair, l’automédication ne devrait concerner que des traitements symptomatiques, ce qui est loin d’être négligeable, mais ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Si l’on a des douleurs, il est légitime de prendre un antalgique (un antidouleur), même sans connaître précisément la raison pour laquelle on a mal. Mais il est plus discutable de prendre un anti-inflammatoire, car cela supposerait que la douleur  soit de nature inflammatoire. On n’est plus tout-à-fait dans le symptomatique, mais déjà plus ou moins dans l’étiologique. En effet l’inflammation n’est pas un symptôme, pas non plus une maladie ; c’est un syndrome.

Un traitement étiologique est destiné à traiter une maladie identifiée, c’est-à-dire une fois un diagnostic médical posé, c’est-à-dire posé par un médecin, et non pas par un pharmacien ou par le patient lui-même. A cet égard, un traitement antibiotique ne peut jamais être un traitement symptomatique, et ne peut pas être délivré sans ordonnance, contrairement aux probiotiques qui sont souvent associés aux antibiotiques. Or il n’est pas rare que des patients prennent de leur propre initiative le restant d’une boite d’un antibiotique qu’ils ont sous la main pour faire baisser la fièvre, sous prétexte que leurs symptômes ressemblent à ceux de la fois où un médecin leur avait prescrit (à tort ou à raison d’ailleurs) ce traitement. C’est l’automédication dans ce qu’elle a de pire, car inutile et dangereuse.

Automédication et pharmacie

Des industriels produisant et commercialisant des médicaments que l’on peut acheter en pharmacie d’officine sans ordonnance se sont regroupés au sein d’une association, l’Afipa, Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (ouf !). Cette association fait le constat que la France est à la traîne,  par rapport à la plupart des pays européens, en matière d’automédication passant par le biais des pharmacies.

Le site de l’Assurance Maladie « ameli.fr pour les assurés » explique aux personnes tentées par l’automédication comment bien utiliser les médicaments accessibles sans prescription médicale (en clair sans ordonnance) grâce aux conseils des pharmaciens. Le site incite à bien lire la notice explicative du médicament et à en respecter les recommandations, notamment en termes de posologie et d’associations médicamenteuses.

Si l’on prend l’exemple d’un des médicaments les plus vendus sans ordonnance, le paracétamol, antalgique de niveau 1 que l’on retrouve dans la très grande majorité des produits « antidouleur », il est sans danger si l’on respecte la dose maximale (chez l’adulte) de 4 grammes par 24 heures et un intervalle de 6 heures entre les prises. En revanche, si ces indications ne sont pas respectées, il peut être mortel par le biais d’une hépatite fulminante, car l’écart entre la dose thérapeutique et la dose toxique est faible. Si ces informations n’ont pas été communiquées par le pharmacien au patient, ou si ce dernier n’a pas lu la notice avec attention, le danger est réel, ce qui peut surprendre pour un médicament qui peut sembler anodin puisque disponible sans ordonnance.

Service médical rendu. Balance bénéfice/risque

Des associations de consommateurs ont attiré à plusieurs reprises l’attention du public et des pouvoirs publics sur le fait que certains médicaments vendus sans ordonnance en pharmacie sont non seulement peu ou pas efficaces (ils ont un service médical rendu faible), mais sont parfois dangereux, avec une balance bénéfice/risque très défavorable. Sont particulièrement pointés du doigt par « 60 millions de consommateurs » les produits censés combattre le rhume qui contiennent de la pseudoéphédrine, substance exposant au risque d’AVC et d’accidents cardio-vasculaires. Ces produits sont comparés à un « bazooka » pour combattre un rhume.

Par ailleurs, certains médicaments contre la toux contenant du dextromethorphane  ne sont plus disponibles sans ordonnance car cette substance, qui est un dérivé opioïde, était détournée de son but thérapeutique par des adolescents qui la mélangeaient à du soda pour en faire une drogue douce.

Automédication et Internet

La vente de médicaments sur Internet se développe. Or, aux risques déjà énoncés de l’automédication « sauvage », s’ajoute celui de se voir délivrer une contrefaçon du médicament acheté, voire un produit dénué de tout principe actif. Ce fait a notamment été dénoncé à propos de l’achat sur Internet de DHEA, la fameuse « hormone antivieillissement », certains clients n’ayant reçu en fait dans le colis que du sucre en poudre ! Mais il existe des sites tout-à-fait sûrs de vente en ligne de médicaments, car créés et gérés par des pharmaciens. Comme quoi Internet peut être, là aussi, la pire ou la meilleure des choses.

Article publié le 4 juin 2018

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