On rencontre toutes sortes de fibres ; certaines sont constitutives de notre organisme, d’autres sont présentes dans l’alimentation ; d’autres encore ont permis d’immenses progrès dans l’investigation médicale.
Le terme de fibre, ainsi que ceux qui en dérivent, nous permet de faire un tour d’horizon succinct de la physiologie, des explorations complémentaires, de la nutrition et de la pathologie.
Fibre et fibrille
Le tissu conjonctif, qui représente les deux tiers de notre organisme, ce qui est considérable, est constitué de trois types d’éléments : des cellules, notamment des fibroblastes et des fibrocytes ; des substances fondamentales baignant dans la matrice extracellulaire ; et, enfin des fibres conjonctives de différentes natures : des fibres de collagène, les plus nombreuses, des fibres de réticuline, ainsi que des fibres élastiques. Ces fibres conjonctives assurent résistance et souplesse au tissu conjonctif.
Quand les fibres sont de petite taille, on les appelle des fibrilles. Ces fibrilles sont essentiellement des constituants de la paroi cellulaire.
Les adjectifs dérivés sont fibreux pour fibre, et fibrillaire pour fibrille. Le collagène utilisé pour l’hémostase chirurgicale est du collagène fibrillaire.
On fera attention à la prononciation : fibrille se prononce comme quille, mais fibrillaire comme musculaire.
Fibre musculaire
Les fibres musculaires sont des cellules, les myocytes, capables de contraction.
Les éléments contractiles élémentaires sont constitués de microfilaments d’actine et de myosine, activés par une augmentation de la concentration intracellulaire en calcium.
On distingue des muscles lisses, à commande involontaire, comme l’intestin ou le diaphragme, et des muscles striés, à commande volontaire, comme les muscles squelettiques. Les premiers sont constitués de myocytes lisses, les seconds de myocytes striés. Le préfixe qui se rapporte aux fibres lisses est « léio » (léiomyocyte ; léiomyome), celui qui concerne les muscles striés est « rhabdo » (rhabdomyocyte ; rhabdomyolyse).
Le myocyte cardiaque (cardiomyocyte) est un type particulier de muscle strié, bien qu’il soit à commande involontaire.
Fibre nerveuse
La fibre nerveuse s’appelle l’axone. C’est le prolongement du neurone qui conduit le signal électrique sous formes de potentiels d’action du corps cellulaire vers les synapses, qui sont les zones de contact entre deux neurones ou entre un neurone et une autre cellule, comme un myocyte.
Les neurones ont également d’autres prolongements, les dendrites. Habituellement, un neurone possède un seul axone, mais plusieurs dendrites.
Les axones sont regroupés en faisceaux dans le système nerveux central, et en nerfs dans le système nerveux périphérique.
Fibres alimentaires solubles et insolubles
Les fibres alimentaires sont les parties des végétaux qui ne sont pas transformées par les enzymes digestives. Elles sont indispensables au transit intestinal. Elles sont très utilisées en nutrition et en thérapeutique, notamment pour prévenir et traiter la constipation.
Les fibres alimentaires sont des glucides, plus particulièrement des polysaccharides, qui proviennent soit de la paroi cellulaire des végétaux (polysaccharides pariétaux comme la cellulose, l’hémicellulose, la pectine, la lignine), soit du cytoplasme cellulaire (polysaccharides cytoplasmiques comme les gommes (arabique, de guar ou de caroube), agar-agar, alginates, etc.).
Ces différentes fibres peuvent être solubles dans l’eau, comme les pectines et les mucilages, qui forment un gel au contact de l’eau ; d’autres sont insolubles dans l’eau, comme la cellulose, l’hémicellulose ou la lignine. Les premières peuvent être utilisées pour réguler la glycémie et le taux de cholestérol, les secondes pour améliorer le transit intestinal.
Les nutritionnistes préconisent dans différentes situations un régime riche en fibres ; dans d’autres circonstances ponctuelles, c’est l’inverse qui est préconisé : régime sans résidu, autrement dit régime pauvre en fibres, recommandé dans les jours qui précèdent une coloscopie.
De nombreux aliments sont riches en fibres ; en voici quelques-uns, rangés par catégories : le son de blé est l’aliment qui en contient le plus ; viennent ensuite les légumes secs (haricots blancs et rouges, lentilles, fèves), les céréales complètes (riz et blé complet), les produits céréaliers dérivés des céréales complètes (comme le pain complet), les fruits secs (pruneaux, figues, abricots, raisins, dattes…), les oléagineux (noix de coco, amandes, noisettes…), les légumes frais (carottes…), les tubercules comestibles (pommes de terre…), les fruits frais (fruits de la passion, baies…), le cacao en poudre…
Fibre optique et fibroscopie
L’apparition de fibres optiques souples a permis le développement considérable de l’endoscopie, qui est passée du stade de l’endoscopie rigide, avec laquelle les explorations étaient limitées, à celui de l’endoscopie souple, au potentiel immense, surtout depuis que les endoscopes sont couplés à un système vidéo qui permet à toute l’équipe de suivre l’acte sur un écran de télévision : c’est la vidéo-endoscopie.
Une endoscopie souple s’appelle une fibroscopie. Comme les premières fibroscopies étaient des gastroscopies souples (fibroscopie de l’estomac), on a pris la mauvaise habitude de parler de fibroscopie, sans précision, pour la gastroscopie, et d’appeler les autres fibroscopies avec le nom de l’organe étudié comme préfixe : coloscopie, bronchoscopie, cystoscopie, etc.
Toutes les cavités ouvertes sur l’extérieur peuvent être explorées par fibroscopie, le fibroscope étant introduit par les voies naturelles.
Pour les cavités qui ne sont pas directement accessibles, on recourt plus volontiers à l’endoscopie rigide : arthroscopie, cœlioscopie, etc. Certains organes facilement accessibles comme le rectum, l’utérus ou la vessie, peuvent être explorés avec un endoscope souple ou rigide (rectoscopie, hystéroscopie, cystoscopie).
Fibrose
A la suite d’une inflammation ou d’un traumatisme, certains tissus sont envahis par des fibres, notamment de collagène. Les tissus sains sont progressivement remplacés par du tissu fibreux. Ce processus pathologique s’appelle fibrose ou sclérose. On l’observe notamment au niveau des cicatrices cutanées.
Outre la peau, la fibrose peut toucher différents organes : le pancréas, les reins, le foie, les poumons ou la région rétropéritonéale (fibrose rétropéritonéale ou maladie d’Ormond).
La mucoviscidose s’appelle également fibrose kystique (sous-entendu du pancréas) ; dans cette affection, la fibrose affecte les épithéliums glandulaires de différents organes, notamment le pancréas et les voies respiratoires.
Fibrillation et défibrillateur
La fibrillation désigne des contractions désordonnées du muscle cardiaque (le myocarde) par désynchronisation entre les différentes cavités cardiaques : fibrillation auriculaire (les oreillettes) ou ventriculaires (les ventricules).
L’arythmie cardiaque par fibrillation auriculaire (ACFA) est une anomalie du rythme cardiaque, fréquente et cause d’embolie, nécessitant, à titre prophylactique, la mise sous anticoagulants. La fibrillation auriculaire porte, depuis quelques années, le nom de fibrillation atriale, mais les habitudes ont la vie dure, et fibrillation auriculaire perdure.
La fibrillation ventriculaire est nettement plus rare, mais beaucoup plus grave par le risque d’arrêt cardiaque. Elle nécessite le recours immédiat à un défibrillateur externe (choc électrique).
Il existe également des défibrillateurs cardiovecteurs implantables (DCI), utilisés dans le traitement de certains troubles graves du rythme cardiaque.
Article publié le 18 janvier 2016