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Psychosomatique / Stress

Le stress est devenu omniprésent dans notre vie : non seulement il serait responsable de la majorité des troubles fonctionnels, mais certains pensent même qu’il est à l’origine de quasiment tous les troubles organiques, y compris le cancer.


Le stress est, à l’origine, une réaction de défense contre les agressions. Petit à petit, il est devenu la cause de tous nos maux, notamment ceux qui sont attribués à l’influence de la psyché sur le soma.


Le stress comme notion de physiologie : Hans Selye

Le stress a été décrit par l’endocrinologue Hans Selye comme un processus physiologique non spécifique d’adaptation de l’organisme à une agression. Ce médecin a forgé non seulement le concept, mais également le mot, qui est passé tel quel dans la langue française. Cette réponse physique et psychologique du sujet à une agression quelconque, comme un traumatisme, passe par trois phases : la réaction d’alarme, qui mobilise les forces de défense ; le stade de résistance, pendant laquelle le sujet est bien adapté à l’agent stressant ; puis la phase d’épuisement, qui survient si les capacités de défense sont dépassées. C’est notamment le cas dans le burnout, ou syndrome d’épuisement professionnel. Une quatrième phase a été décrite ultérieurement, notamment par  le psychiatre français Boris Cyrulnik, la résilience.

Cette théorie du stress a été élaborée par Hans Selye (János Selye en hongrois), né à Vienne en 1907, et mort à Montréal en 1982. Il a fondé à l’Université McGill de Montréal l’Institut de médecine et de chirurgie expérimentale, qui lui permettra de réaliser les travaux expérimentaux à l’origine de sa théorie, explicitée dans son livre paru en 1956, Le stress de la vie (The stress of life), suivi, en 1974, par  Le stress sans détresse (The stress without distress). Son autobiographie porte, avec humour le titre suivant : The stress of my life (1977).

Le chirurgien et neurobiologiste français Henri Laborit, qui fut un de ses disciples, s’est beaucoup intéressé au stress occasionné par le traumatisme opératoire. Il doit sa célébrité auprès du grand public à sa participation au fil d’Alain Resnais, Mon oncle d’Amérique.

Face à une demande nouvelle qui lui est opposée, l’organisme tend à maintenir son homéostasie (l’équilibre de son milieu intérieur) en réagissant de deux façons, l’une spécifique, l’autre non spécifique, la réaction de stress.

Une réaction spécifique, ce peut être l’adaptation au froid par la production de chaleur, ou une mobilisation des réserves énergétiques pour faire face à un effort intense. Les exemples abondent. La réaction de stress, en revanche, est non spécifique en ce qu’elle est la même quelle que soit la situation rencontrée.

Tous ces mécanismes ont été étudiés chez l’animal de laboratoire, notamment le rat, avant d’être transposés à l’homme. Le processus débute dans le cerveau, et aboutit à la production d’une hormone, le cortisol, par les glandes surrénales (l'hormone du stress). Hans Selye a démontré que le phénomène du stress est une réaction de vigilance, qui peut être bénéfique (stress positif) ou délétère (stress négatif).

Stress oxydatif

Le stress oxydatif (ou stress oxydant) est une agression cellulaire par des composés organiques toxiques appelés radicaux libres, qui sont des espèces réactives oxygénées comme le peroxyde d’hydrogène. Ce stress oxydatif est  responsable d’inflammation et de mutagénèse, et serait, pour certains, en partie responsable du cancer et de maladies dégénératives comme la démence d’Alzheimer.

Les antioxydants présents dans certains aliments visent à contrecarrer les effets néfastes des radicaux libres, et jouissent de ce fait d’une excellente réputation auprès des nutritionnistes.

Le stress comme notion de psychologie

Dans une réaction de stress, il arrive que la capacité d’adaptation du sujet soit dépassée, ce qui se traduit par l’apparition d’un certain nombre de conséquences psychologiques : irritabilité, céphalées, insomnie, difficultés de concentration, troubles de la mémoire. C’est ce qui explique que le stress, notion physiologique, soit devenu aussi et surtout une notion de psychologie.

Le stress, tel qu’il est conçu actuellement, est  à la fois une cause (environnement stressant) et une conséquence (sujet stressé). Il est rendu responsable des troubles et des maladies dites psychosomatiques, sans lésion organique identifiée. Il est d’usage de dire que nous vivons dans un monde de plus en plus stressant, notamment sur le plan professionnel, avec, à tout moment, le risque de voir apparaître la conséquence ultime du stress, le suicide par burn out.

Troubles psychosomatiques

Psychosomatique qualifie l’action de la psyché (l’esprit) sur le soma (le corps), autrement dit les troubles physiques qui sont favorisés, voire créés par des facteurs psychiques. Tout le monde en a fait un jour ou l’autre l’expérience avec les manifestations fonctionnelles, à prédominance digestive (« boule » dans le ventre, vomissements), du trac qui peut prendre chacun d’entre nous avant un évènement stressant comme un examen (ne serait-ce que le permis de conduire) ou un entretien professionnel.

Les troubles psychosomatiques peuvent être purement fonctionnels (douleurs abdominales, céphalées, sueurs ou tachycardie…), sans lésion organique sous-jacente. Ils sont majoritairement d’ordre intestinal (ballonnement, nausées, troubles du transit à type de diarrhée ou de constipation), du fait de l’importance du système nerveux entérique, une des trois composantes (avec les systèmes sympathique et parasympathique) du système nerveux autonome. On parle d’ailleurs à  son sujet de « deuxième cerveau ».

Mais les troubles psychosomatiques sont souvent authentiquement organiques, et notamment en dermatologie ; l’eczéma ou le psoriasis sont considérés comme des maladies psychosomatiques, tout comme les verrues plantaires, bien qu’elles soient provoquées par un virus.

Exemple de l’ulcère gastrique ou duodénal ; l’ulcère de stress

L’ulcère gastrique ou duodénal est assez significatif de l’interaction entre psychosomatique et organique. On l’appelle parfois ulcère gastroduodénal, à tort cependant car l’ulcère est soit gastrique, soit duodénal chez un même patient. Cette maladie, qui se traduit par une lésion tout ce qu’il y a d’organique (une perte de substance muqueuse), était naguère considérée comme une maladie psychosomatique, liée à un terrain anxieux, jusqu’à ce que l’on en découvre la cause sous la forme d’une bactérie, Helicobacter pylori. Il n’en reste pas moins que l’activation de cette bactérie peut parfaitement être d’origine psychosomatique, ce qui expliquerait que la maladie ulcéreuse se rencontre préférentiellement chez des sujets anxieux. Tout le monde ne fera pas d’ulcère duodénal, même si la bactérie est présente dans la muqueuse duodénale.

Dans des circonstances particulièrement stressantes, comme la période postopératoire ou une hospitalisation en réanimation, peuvent se développer des ulcérations gastriques aiguës appelées « ulcères de stress ». ». Leur prévention passe par l’emploi  de médicaments antiulcéreux.

Bref, il y a souvent un terrain particulier qui explique l’émergence de certaines maladies organiques, ce qui correspond bien à la définition d’une maladie psychosomatique.

Difficultés de la prise en charge des maladies psychosomatiques

La première difficulté rencontrée concerne les troubles fonctionnels étiquetés psychosomatiques, car cette étiquette est en général mal acceptée par les patients, ne serait-ce que parce qu’ils ne peuvent pas s’empêcher de penser que l’on n’a peut-être pas fait l’examen ultime, celui qui permettrait de dire que les troubles sont bien organiques, et non pas fonctionnels. Il n’est jamais agréable pour un patient d’avoir l’impression que, pour les médecins, tout ce qui les fait souffrir ne serait « que dans leur tête ».

On comprend également que les troubles psychosomatiques soient les plus difficiles à traiter efficacement par la médecine conventionnelle, car leur guérison supposerait que l’on puisse agir efficacement sur le stress du patient, ce qui est quasiment impossible. C’est ce qui explique le succès de beaucoup de médecines dites non conventionnelles, qui ont la prétention d’agir de manière plus globale que la médecine d’organes.

Article publié le 14 août 2017

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