Le vaccin, qui permet l’immunisation par la vaccination, fut découvert à partir de la vaccine, zoonose proche de la variole.
La vaccination est, avec les antibiotiques qu’elle précède de 150 ans, une des plus grandes avancées médicales de tous les temps, puisqu’elle a permis notamment l’éradication de la plus meurtrière des maladies de l’histoire de l’humanité, la variole.
La vaccine et la variole
La vaccine est une maladie infectieuse des bovidés (variole de la vache [vacca en latin], en anglais cowpox) et des équidés (horsepox). Elle est provoquée par un poxvirus proche de celui de la variole. La vaccine est une zoonose transmissible à l’homme, chez qui elle provoque une éruption proche de celle de la variole, mais en règle générale bénigne.
Le médecin de campagne anglais Edward Jenner eut l’intuition géniale que la vaccine humaine empêchait celui qui en était atteint de contracter la variole. Il testa cliniquement son hypothèse avec succès, découvrant ainsi la vaccination par immunité croisée, plus efficace que l’ancienne variolisation.
Ce haut fait d’armes médical est raconté dans l’article consacré à la variole.
Différents types de vaccins
La substance active d’un vaccin est un antigène dont le caractère pathogène a été atténué. Selon la façon dont le vaccin est préparé, on en distingue quatre types : les agents infectieux inactivés (grippe, poliomyélite injectable, choléra, hépatite A, etc.), les agents vivants atténués (rougeole, oreillons, rubéole, dont l’association constitue le ROR, fièvre jaune, BCG, poliomyélite orale, zona, etc.), les vaccins synthétiques (hépatite B, papillomavirus) et les anatoxines ou toxines inactivées (diphtérie, tétanos).
Les vaccins peuvent être améliorés par des additifs jouant le rôle d’adjuvant, comme des virus végétaux incapables de se répliquer chez l’homme.
Contrairement à une idée reçue, les sérums ne sont pas des vaccins, mais peuvent leur être associés dans la sérovaccination.
La vaccination préventive ou prophylactique
La vaccination préventive est donc un procédé qui consiste à introduire le vaccin dans un organisme vivant afin de déclencher une réaction immunitaire positive contre une maladie infectieuse, le plus souvent une virose, mais parfois une maladie bactérienne, afin de prévenir l’apparition de cette maladie.
Voici, par ordre alphabétique, une liste non exhaustive des principaux vaccins disponibles : coqueluche, diphtérie, fièvre jaune (obligatoire pour voyager en zone d’endémie), grippe (avec un vaccin différend chaque année du fait des mutations du virus grippal), hépatite A et surtout B, méningite à Haemophilus influenzae, oreillons, papillomavirus (prévention du cancer du col utérin), pneumocoque (nécessaire chez les patients ayant subi une ablation de la rate, autrement dit une splénectomie), méningocoque B et C, poliomyélite, rougeole, rubéole, tétanos, tuberculose, varicelle… Le vaccin contre la variole est devenu inutile, la maladie étant éradiquée depuis la fin des années 70. En revanche, on attend toujours un vaccin contre le VIH.
La liste des maladies que l’on cherche à prévenir ne cesse de s’allonger, et, pour améliorer la couverture vaccinale, on peut avoir recours à des vaccins « multivalents » (ciblant plusieurs souches d’un même agent pathogène), ou « combinés », visant plusieurs maladies en même temps.
Les campagnes de vaccination à grande échelle permettent de diminuer de façon drastique l’incidence d’une maladie contagieuse, chez la population vaccinée bien évidemment, mais aussi chez les non vaccinés pour les maladies à transmission interhumaine exclusive, par diminution du réservoir humain du virus, comme ce fut le cas pour la quais éradication de la poliomyélite de type 2 en 1999 (chute de 99% de l’incidence).
Calendrier vaccinal
En France, le calendrier vaccinal est mis à jour tous les ans, selon les recommandations du Comité technique des vaccinations, émanation du Haut Conseil de la santé publique. Ce calendrier tient compte de la durée d’efficacité des vaccins, avec la nécessité pour la plupart d’entre eux de rappels à 5 et 10 ans. La primovaccination (première administration) commence chez le nourrisson, entre 2 et 4 mois, et se poursuit théoriquement toute la vie, puisque le vaccin contre la grippe est recommandé tous les ans aux sujets de plus de 65 ans.
Parmi les vaccins figurant dans ce calendrier, certains sont obligatoires (diphtérie et tétanos : primovaccination entre 2 et 4 mois, et premier rappel à 11 mois ; poliomyélite : primovaccination et rappels obligatoires jusqu’à 13 ans). Tous les autres, jusqu'au 31 décembre 2017, étaient recommandés mais facultatifs. A partir du 1er janvier 2018, le nombre de vaccins obligatoires chez le nourrisson passe de 3 à 11. On peut s’attendre à de la résistance de la part des parents « antivaccins ».
La fièvre jaune est obligatoire pour les résidents en Guyane de plus de 12 mois, et pour tous les nationaux se rendant dans ce département français.
Avoir à portée de la main son carnet de vaccination permet d’être sûr que l’on est (ou malheureusement que l’on n’est pas) « à jour de ses vaccins ». La question se pose souvent pour le tétanos en cas de plaie tétanigène.
La vaccination thérapeutique. L’immunothérapie
La première tentative de vaccination thérapeutique est la « syphilisation », imaginée dans les années 1850 par Auzias Turenne qui s’est inspiré, sans succès malheureusement, de la vaccination contre la variole.
De même Robert Koch, qui avait découvert le bacille de la tuberculose, annonça à tort, en 1890, que la tuberculine était susceptible de guérir la tuberculose.
Le vaccin contre la rage, découvert par Pasteur, et inoculé par ce dernier avec succès à un jeune garçon de 9 ans, Joseph Meister, mordu par un animal enragé, n’est pas, contrairement à ce que l’on croit, un vaccin thérapeutique, car il serait totalement inefficace en cas de rage déclarée.
Ce que l’on appelait autrefois thérapie vaccinale ou vaccinothérapie, est en fait une « immunothérapie active », destinée à stimuler le système immunitaire pour aider l’individu atteint à lutter contre la maladie. Le champ d’application de cette immunothérapie d’avenir n’est pas l’infectiologie mais la cancérologie. Des essais très prometteurs sont en cours notamment pour les cancers du poumon et de la vessie, et le mélanome. Mais c’est une histoire qui n’en est qu’à ses débuts.
Polémiques sur la vaccination préventive
La vaccination prophylactique est extrêmement efficace : elle a permis l’éradication complète de la variole depuis plus de 40 ans, l’éradication quasi complète de la poliomyélite depuis près de 20 ans. La diphtérie ne tue plus personne dans notre pays, alors qu’elle était responsable, avant les années 50, d’une mortalité de 50 à 100 cas par million d’habitant et par an. On n’oubliera pas que le tétanos déclaré est une maladie pratiquement toujours létale. Bref, on pourrait multiplier les exemples pour démontrer que la balance bénéfice/risque penche très fortement en faveur de la vaccination, on n’empêchera pas la méfiance croissante d’une partie de la population vis-à-vis de la vaccination, car elle n’est évidemment pas exempte d’effets secondaires qui peuvent être graves, comme les cas de scléroses en plaques attribués sans aucune preuve formelle à certains vaccins.
On peut citer, par ordre chronologique, les polémiques sur le vaccin contre l’hépatite B dans les années 90 (cas supposés de SEP) ; le ROR (rougeole-oreillons-rubéole) en 1998 (suspecté de favoriser l’autisme) ; le vaccin contre le virus antigrippe H1N1 en 2009 ; le vaccin contre le papillomavirus (Gardasil®), en prévention du cancer du col chez l’adolescente (suspicion de cas de maladies auto-immunes).
La dernière polémique date de 2015, avec le lancement d’une pétition par le Pr Joyeux, éminent chirurgien cancérologue retraité depuis des années, pour dénoncer la présence de sels d’aluminium et de formaldéhydes dans une version du vaccin DT-Polio, vaccin obligatoire.
Une particularité de ces polémiques est leur caractère strictement localisé (la France pour le vaccin contre l’hépatite B et le risque de SEP, ou « l’affaire Joyeux » ; le Royaume Uni pour le ROR et l’autisme), ce qui incite à la plus grande méfiance : un seul prétendu expert national ne saurait avoir raison contre le reste du monde.
Du fait de ces polémiques, un nombre croissant de citoyens s’élève contre le caractère obligatoire de la vaccination des enfants, qui, d’ailleurs, est une spécificité française, la plupart de nos voisins ayant choisi de recommander la vaccination sans l’imposer, avec de bien meilleurs résultats en termes de couverture vaccinale.
A toutes ces polémiques médicales, il faut ajouter les polémiques politiques, comme l’accusation portée en 2009 contre la ministre de la santé de l’époque, Mme Roselyne Bachelot, d’avoir surdimensionné l’achat de doses de vaccins contre le virus A1N1 de la grippe (cinquante millions de doses commandées !).
N’oublions jamais que les deux éléments qui sauvent le plus de vies dans le monde sont l’assainissement des eaux usées et la vaccination.
Article publié le 1er janvier 2018